Wednesday, February 28, 2007

la fin de l'exception juive

François Wahl, 82 ans. L'éditeur de Barthes, Lacan, Ricoeur ou Dolto sort de sa retraite pour s'élever contre son ami, le linguiste Jean-Claude Milner, qui fait du Juif la victime absolue.
La fin de l'exception juive
Par Eric AESCHIMANN
QUOTIDIEN : mercredi 28 février 2007
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C'est un vieil homme en colère. Un octogénaire svelte au regard clair, au pas alerte, qui, après avoir été une éminence grise de l'intelligentsia française, s'est retiré de toute vie éditoriale il y a seize ans. Un retraité qui est sorti de son silence il y a quelques semaines en publiant dans le Monde une tribune sévère contre l'un de ses vieux amis, le linguiste Jean-Claude Milner, celui-là même qui vient de se distinguer en qualifiant d'antisémite un livre de Pierre Bourdieu. «Jean-Claude s'est enfermé dans une défense du sémitisme qui, à mon sens, ne peut qu'avoir des effets catastrophiques. L'essentiel de mon texte, c'était l'affirmation que la persécution des Juifs est une persécution comme les autres.» Un vieil homme qui voudrait ramener un peu de raison dans le débat si sensible de ce qu'il appelle «la mise en exception des Juifs».
François Wahl reçoit à la campagne. Dans la grande pièce du rez-de-chaussée baignée par la lumière des hautes fenêtres, il y a une cheminée avec des bûches qui brûlent, des meubles en bois de style rustique et aucun livre. «Je les cache. Mais si je vous montre mon bureau là-haut, vous verrez ce que c'est qu'être envahi par les livres.» Pendant trente-cinq ans, il a été l'éditeur et l'ami des plus grands : Barthes, Lacan, Ricoeur, Sollers, Dolto... et Milner. De Barthes, dont on redécouvre qu'il avait donné sa bénédiction aux Nouveaux Philosophes, il dit : «Roland avait horreur des conflits. Il se défendait en étant gentil. Mais je ne crois pas qu'il les ait pris le moins du monde au sérieux.» De Lacan, il fut l'accoucheur patient. «Il avait une peur terrible d'être publié. Je suis parti à la montagne, je relisais tous les textes. Je lui faisais part tous les jours, par téléphone, des problèmes que je rencontrais et il me répondait par télégrammes.»
Voilà pour l'anecdote, mais cet éditeur-là n'est pas mémorialiste : il a décliné un projet de livre-entretien. En fait de culte du passé, il s'en tient à cette vaste maison où il a passé les week-ends d'une jeunesse heureuse, père administrateur aux Galeries Lafayette, mère médecin, des soeurs et des demi-soeurs. «Le type d'enfance qui fait qu'on ne peut pas ne pas devenir un intellectuel. Mais j'ai toujours su que c'était moi qui récupérerai la maison.» Justement, à la fin de l'Occupation, «récupérer» la maison vendue comme bien juif ne fut pas une mince affaire : il a fallu intenter un procès, attendre le bon vouloir des acquéreurs. «L'argent leur a été rendu, sans aucune sanction.» Car François Wahl est juif et c'est en se déclarant tel qu'il porte maintenant la contradiction à son vieil ami Milner.
Thèse centrale de Milner : oui, il existe une exception juive, celle d'un peuple qui fut à deux doigts de s'assimiler aux démocraties européennes avant d'en être violemment rejeté (affaire Dreyfus, Shoah). Pour Milner, les démocraties européennes sont par essence rétives au «nom juif», parce qu'imprégnées d'un universalisme chrétien où, pour reprendre les mots de l'apôtre Paul : «Il n'y a plus ni Juif, ni Grec.» Ce «ni Juif» serait même au fondement de tout antisémitisme. A quoi François Wahl oppose le récit d'un dîner, il y a deux ou trois ans. «C'était chez un psy. Tout le monde était juif et il était question de la Torah. Moi, je me taisais.» Interpellé sur son silence, Wahl finit par dire : «Que voulez-vous que je vous dise ? Moi, je suis grec.» Autrement dit : je suis philosophe, pas talmudiste.
Wahl ne nie pas l'antisémitisme. Il souligne au contraire combien celui-ci était présent jusque dans la Résistance. Le même bénédictin qui risqua sa vie pour le sauver des Allemands ne lui confia-t-il pas qu'il faudrait instaurer «un numerus clausus pour les Juifs» ? Mais justement : «A la Libération, conscients de cela, les Juifs se sont réintégrés sur la pointe des pieds. Pour sortir de cette attitude, il a fallu la connaissance de la déportation. Pour reprendre place parmi les hommes, il a fallu savoir qu'ils avaient été traités en sous-hommes. Voilà pourquoi, depuis, ils se sont recomposés comme victimes absolues.» Sauf que, ajoute-t-il : «Il n'y a pas d'absolu. S'agissant des individus, chacun est "un" et doit être compté comme "un".» Avant d'ajouter : «Il est vrai que ce raisonnement est difficile pour les intellectuels. Ils ont des raisons de penser qu'ils sont plus "un" que d'autres.»
Et lui, pourquoi n'a-t-il pas été traumatisé par l'antisémitisme ? Premier antidote : en 1940, il a 15 ans et vient de prendre conscience de son homosexualité, qu'il vit «comme un défi ironique», «une bonne farce vis-à-vis de la société». «L'antisémitisme, je l'ai rangé dans la même catégorie.» Deuxième antidote : «Je n'ai pas fait que subir, j'ai pu agir.» La Résistance ? «Oui, à l'âge que j'avais, et comme je le pouvais.» Changer de nom pour se cacher, cela l'a beaucoup amusé. Alors, l'obsession du «nom juif», très peu pour lui. Dernier secret, qu'il lâche à regret : en 1947, il a brièvement appartenu au groupe Stern, ces activistes sionistes qui ont combattu pour la création d'Israël. «Je m'occupais d'un journal avec une imprimerie dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Je me sentais français, mais je l'ai fait pour ceux qui n'avaient nulle part où aller.» Il rompt à l'indépendance israélienne. «J'ai été engagé dans la lutte contre les Anglais, pas contre les Arabes.»
Trois raisons de relativiser l'absolu, de mesurer sa réversibilité. Pourtant, en soi, l'idée d'une vérité absolue ne lui fait pas peur. «Il ne faut pas céder sur la vérité, sur l'élaboration théorique de la vérité. Une vérité de raisonnement. C'est la théorie qui doit avoir le dernier mot.» Wahl s'est attelé depuis une dizaine d'années à construire une théorie de «la consistance de l'apparaître» ; cela s'appellera le Perçu, «un livre énorme», qu'il voudrait publier à la rentrée. Non, ce qu'il rejette, c'est l'incohérence. Au début des années 70, lui, qui n'a jamais été gauchiste, mettait en garde Jean-Claude Milner, alors farouche «mao» : «Faire la révolution dans une situation où elle n'a aucune chance de se produire, c'est du spectacle que l'on se donne à soi-même.» Il est vrai qu'une part de spectacle entre dans le judaïsme inquiet du même Milner, trente ans plus tard. Mais François Wahl n'est pas exempt d'incohérences : son plus proche ami s'appelle Alain Badiou, ultime philosophe «mao» de France et lui aussi grand amateur d'effets de scène.
Il est 14 heures et François Wahl n'a pas arrêté de fumer. «Trop, comme d'habitude». Il se sert un whisky. «Je ne pense pas que deux sujets aient jamais vécu l'amour plus absolument que Severo et moi.» Severo Sarduy, écrivain cubain, fut son compagnon jusqu'à sa mort en 1993. Ils se sont connus en mai 1960, à la chapelle Sixtine. «Il m'a dragué, il était midi. A minuit, Severo m'a dit : " Est-ce qu'on est engagés ?" Sous une pluie torrentielle, j'ai dit : "Oui."» «Il y a une chose dont je ne me remets pas, qui m'a radicalement rendu heureux pendant trente ans : tous les soirs, je lui faisais la lecture, de Flaubert à Heidegger. C'est le moment où j'ai été le plus adéquat à moi-même. On était " un " .» En somme, la règle du «chacun compte pour " un " » n'admettrait qu'une «exception» : l'amour. Reste à en convaincre Jean-Claude Milner.
photo JERìME BONNET
François Wahl en 7 dates 1925 Naissance à Paris. Septembre 1943 Son père meurt à Auschwitz. 1957 Entre au Seuil. 1966 Publie Ecrits de Jacques Lacan. 1986 Publie l'Etre et l'Evénement d'Alain Badiou. 1990 Prend sa retraite. 1995 Introduction au discours du tableau, le Seuil.

A vendre appartement pour Français non juifVincent

A vendre appartement pour Français non juifVincent Fertey (avec AFP). Publié le 28 février 2007Actualisé le 28 février 2007 : 13h23
Ceccarini/Le Figaro


Ceccarini/Le Figaro.

Les autres titres
A vendre appartement pour Français non juif Deux Picasso volés à Paris À Nogent, la Légion a livré son fort aux sans-abri Bruno Cotte favori pour la présidence de la Cour de Cassation Ces jeunes ingénieurs qui s'ingénient à ne plus être ingénieurs Alerte levée à la Réunion Violences urbaines aux sports d'hiver Des commissaires-priseurs soupçonnés de malversations 25 000 joueurs seront remboursés après un bug sur un jeu en ligne Retour | Rubrique FranceDes règlements excluant les juifs de la copropriété sont toujours en vigueur à Nice.


L’ombre de Vichy plane encore sur certains actes notariés. Selon Nice-Matin, plusieurs règlements de copropriété en vigueur dans des immeubles de la Côte d'Azur comportent toujours des dispositions discriminatoires à l'égard des juifs.


La formulation de ces règlements est explicite. Un exemple : «Les comparants font les déclarations suivantes: 1°) Ils sont de nationalité française, ne sont pas juifs, ni conjoints de juif au sens des lois et ordonnances en vigueur», c'est-à-dire au sens des lois sur le statut des juifs édictées par Vichy. Entrés en vigueur entre juin 1941 et la fin de la Seconde Guerre Mondiale, ces articles n’ont jamais été modifiés.


"Modifier un acte représente un coût"


Comment l’expliquer ? «Les gens n’ont certainement pas fait attention ou n’ont pas lu intégralement les dispositions de la copropriété», explique Jean-François Raubaud, le journaliste de Nice Matin auteur de l'enquête. Ce dernier pointe les effets doublement pervers de la situation : «Modifier un acte représente un coût. De 900 à 7.000 euros selon les frais de notaires. Cela explique aussi que les gens au courant n’aient pas engagés de modification, jugeant de fait l’article obsolète». Au cours de l'enquête, certaines familles interrogées et de confession juive ont avoué ne pas être au courant de l'affaire.


La présidente du Conseil répresentatif des institutions juives de France Côte d’Azur s’est dite choquée : «c'est le comble de l'horreur. Il ne faut surtout pas banaliser ce type de fait», invitant les syndics et les copropriétaires à prendre eux-mêmes «l’initiative» de modifier ces actes.


Nice Matin affirme avoir retrouvé plusieurs immeubles comprenant de telles dispositions. «Il est très probable que l’on retrouve ce type d’articles dans d’autres villes de France», conclut l’auteur de l’article.


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Tuesday, February 27, 2007

Polémique dans les milieux juifs autour de la création d'un tribunal national religieux

Les autres titres
Le cyclone Gamède menace de nouveau la Réunion Des commissaires-priseurs soupçonnés de malversations 25 000 joueurs seront remboursés après un bug sur un jeu en ligne Hausse des violences antisémites selon le Crif La menace islamiste s'invite dans l'élection présidentielle Jean-Luc Delarue s’explique Dernier voyage pour les mèches de Ramsès II
Canal Saint-Martin : les riverains n'en peuvent plus L'Europe de l'Est frappe à la porte de la France Retour | Rubrique FranceRELIGION Créé fin 2006 par le grand rabbin Joseph Sitruk, le Beth Din de France se veut un tribunal d'appel pour la communauté juive.


À PEINE créé, le tribunal rabbinique national commence à susciter la polémique dans les milieux juifs, où l'on s'interroge sur l'utilité de cette structure et la personnalité de son président, un Israélien non francophone.


Fin 2006, le consistoire central, placé sous la responsabilité spirituelle du grand rabbin Joseph Sitruk, avait annoncé la création de ce Beth Din national, censé chapeauter les tribunaux régionaux existants comme ceux de Paris, Strasbourg ou Marseille. Ces derniers traitent essentiellement des questions relatives aux mariages, aux divorces ou aux conversions. Pour le rabbin Sitruk, la nouvelle instance doit devenir « un Beth Din d'appel pour les affaires compliquées ».


Son directeur de cabinet, André Cohen, explique que « ce tribunal national va permettre de désengorger la justice civile. Il a déjà traité une quinzaine d'affaires, surtout des différents financiers ou religieux ».


Un président qui ne parle qu'hébreu


Dès l'annonce de sa création, des craintes s'étaient élevées sur le fait que le président de ce tribunal, car c'est aussi sa compétence, allait apposer son sceau sur un nouveau circuit national de casherout (alimentation casher) venant concurrencer celui du Consistoire de Paris.


Outre cette question, essentiellement financière en raison des taxes prélevées sur les bêtes abattues selon les règles, les inquiétudes portent aujourd'hui sur la nature même de cette structure juridique religieuse et sur le choix du président de ce nouveau tribunal : le rabbin Mordehaï Gross. Décrit par Joseph Sitruk comme « une sommité israélienne », ce rabbin ne parle que l'hébreu.


Sans manifester a priori d'hostilité à ce nouveau tribunal religieux, Sammy Gozlan, président de l'Union des conseils des communautés juives d'Île-de-France et membre du Consistoire de Paris, s'interroge cependant sur « la capacité du rabbin Gross à s'adapter à la culture de la communauté en France ». « N'y avait-il pas de compétence francophone et formée en France ? », se demande-t-il, en faisant simplement remarquer que « la référence, désormais, n'est plus celle du tribunal rabbinique de Paris ».


Président d'honneur du Consistoire de Paris et opposé de longue date à la mise en place d'une casherout nationale, Moïse Cohen souligne en outre « qu'un Beth Din national est en opposition fondamentale avec notre tradition d'indépendance régionale ». « Ce débordement, estime-t-il, traduit la volonté hégémonique du rabbin Sitruk. »


Plus directement, Régine Azria, sociologue au Centre d'études interdisciplinaires des faits religieux, note que « ce tribunal manifeste une volonté de reprise en main religieuse du monde juif français, en rupture avec le modèle historique du franco-judaïsme ». Selon elle, « il s'agit de renforcer la dimension communautaire qui dépasse la stricte limite du culte ». Chef du bureau des cultes au ministère de l'Intérieur, Didier Leschi rappelle en guise d'avertissement que, « en aucun cas, le droit religieux ne peut primer sur le droit civil. C'est la règle républicaine ».



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L'ambassade d'Israël à Paris: pas de film propalestinien !

Claire Dana Picard
mardi 27 février 2007 - 15:34







Certains réalisateurs israéliens pro palestiniens vont décidément trop loin et suscitent la colère des représentations diplomatiques de leur pays dans les capitales étrangères. C’est le cas du cinéaste Oudi Aloni, fils de l’ancienne ministre d’extrême gauche Shoulamit Aloni, qui pensait que son dernier film Mehilot (Forgiveness) ouvrirait le 7e festival du cinéma israélien de Paris.

Le site Ynet rapporte que les responsables du festival, devant se dérouler entre le 21 et le 27 mars prochain dans la capitale française, avaient annoncé la projection de ce film aux réalisateurs, journalistes et intellectuels français qui avaient confirmé leur participation, dont les philosophes juifs Bernard-Henri Lévy, Alain Finkielkraut.

Mais la porte-parole du Festival à Paris, Emilie Moatti, a indiqué au site Ynet que la projection avait été finalement annulée en raison de "pressions politiques exercées par l’attachée culturelle de l’ambassade d’Israël à Paris, Anita Mazor". En fait, cette dernière aurait indiqué que si ce film ouvrait le festival, l’ambassade boycotterait l’événement.

Moatti a ajouté qu’il lui avait été indiqué que ce film anti-israélien causerait du tort à Israël et qu’il valait mieux présenter une œuvre plus innocente telle que ‘’Aviva Ahouvati’’ (Aviva mon amour) qui n’était pas nuisible et interpellait bien davantage la communauté juive.

Les représentants de la communauté juive locale ont pour leur part indiqué qu’ils ne participeraient pas au festival si le film d’Aloni était projeté. Dans les messages adressés aux organisateurs de l'événement, les signataires ont rappelé que "le réalisateur était un fauteur de troubles en Israël" et qu’ils préféraient ne pas avoir affaire avec lui.

Oudi Aloni n’est pas un inconnu. Le 2 avril 2003, il figurait déjà en première place dans la liste des cinéastes israéliens et palestiniens dénonçant l’annulation de la projection d’un film anti-israélien mensonger, Djénine Djénine, sur ARTE. Dans la lettre de protestation adressée au président de la chaîne télévisée, Jérôme Clément, les signataires prétendaient notamment qu’Arte "emboîtait malheureusement le pas à la censure officielle exercée en Israël contre ce film".

Il ne faut pas non plus oublier que le film d'Aloni, Mehilot, a été projeté, au mois de juillet dernier, en grande Première à Ramallah en présence d’intellectuels et de réalisateurs palestiniens parmi lesquels se trouvait notamment Mahmoud Darwish, président de l'Union des écrivains palestiniens et ancien membre du comité exécutif de l'OLP.

Le film sera sans doute boycotté à Paris. Mais il devrait être projeté la semaine prochaine à Londres lors de la clôture de la Foire juive du Livre. C’est en tout cas ce qu’affirme Ynet qui rappelle toutefois que sa projection a suscité une vaste polémique.

Dérapage sur Internet

Dérapage sur Internet
27/02/07




- - Thème: Antisémitisme




Dans son édition du lundi 26 février 2006, La Dépêche du Midi revient sur les « textes d’extrémistes ou d’illuminés qui circulent librement (sur le Net), des appels racistes qui vont parfois jusqu'à l’appel au meurtre.» Selon la Dépêche, « Internet est devenu le terrain privilégié d’une nouvelle délinquance » et « le fléau c’est le message : attaques racistes, antisémites ou islamophobes, révisionnistes, ciblages de personnes, appels au meurtre… » La Dépêche du Midi rappelle que Marc Knobel, chercheur au CRIF a mené un certain nombre de procédures pour le compte d'associations qui ont permis par exemple de faire condamner le portail Yahoo sur lequel des objets nazis étaient en vente libre. Mais la surveillance du net est selon lui trop souvent laissée aux associations. « L'État se défile trop, regrette-t-il. Il faut qu'il prenne ses responsabilités, sans cela les lois ne pourront pas être appliquées. C'est aussi à l'État, à la police d'exercer sa vigilance et de faire son travail ». Mais le problème essentiel est l'absence de règles communes suivant les pays. «Aux USA, mais aussi en Russie, en Angleterre ou dans les pays scandinaves, les hébergeurs font ce qu'ils veulent. Même en Europe, le droit n'est pas harmonisé » se plaint Marc Knobel. « Rien ne sera possible si les États ne réagissent pas », prévient Marc Knobel, très inquiet du développement de forums de plus en plus violents. Pourtant en France l'arsenal législatif et répressif s'est progressivement mis en place en France, rappelle La Dépêche. Créé en 2000, l'office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'information et de la communication (OCLCTIC) centralise la surveillance du net. Cette plateforme de signalement fonctionne d'abord grâce au « civisme » des usagers. Qu'il s'agisse d'incitation à la haine raciale, de pédophilie ou de pornographie. « Nous sommes le plus souvent saisis par des internautes ou des fournisseurs d'accès d'ailleurs tenus de le faire », explique le commissionnaire divisionnaire Christian Aghroum, suivant un principe simple : « En se protégeant soi-même, on protège les autres ». Une fois le repérage effectué, il faut agir vite. « La loi nous permet de saisir le juge des référés pour faire fermer le site incriminé (raciste) indique Marc Knobel, chercheur au Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF). À condition d'avoir identifié les auteurs où à défaut de se retourner contre l'hébergeur. Nous avons ainsi fait condamner et interdire le site de la Tribu K ».

Roland Dumas à Téhéran

Roland Dumas en mission discrète à TéhéranTHIERRY OBERLÉ. Publié le 27 février 2007Actualisé le 27 février 2007 : 08h17 « Je n'ai prévenu personne de mon déplacement », indique au Figaro Roland Dumas, pour signifier qu'il n'a pas joué un rôle d'émissaire.
dérives de l'e-démocratie Srebrenica : la décision qui divise Retour | Rubrique InternationalL'ancien ministre des Affaires étrangères de François Mitterrand s'est rendu ce week-end à Téhéran, pour s'entretenir avec des dignitaires du régime sur le dossier du nucléaire iranien.


POUR qui roule Roland Dumas ? Présenté par la presse iranienne comme un « envoyé spécial français », l'ancien ministre des Affaires étrangères vient d'effectuer une curieuse visite à Téhéran. L'ex-homme de confiance de François Mitterrand n'était pas mandaté par Paris. Le Quai d'Orsay évoque un « déplacement privé ». Il ne serait pas non plus un émissaire du Parti socialiste. « Je n'ai prévenu personne de mon déplacement », indique au Figaro Roland Dumas, pour signifier qu'il n'a pas joué un rôle d'émissaire.


L'ancien chef de la diplomatie française entend pourtant communiquer le fruit de ses entretiens avec les responsables iraniens au président Jacques Chirac et aux autorités françaises. « Mon voyage a été particulièrement utile, d'autant plus qu'il est intervenu dans une période brûlante », juge-t-il quelques heures après son retour à Paris.


Parti vendredi, Roland Dumas répondait à une invitation d'Ali Akbar Velayati, le conseiller diplomatique d'Ali Khamenei, guide suprême de la république islamique. « Velayati est très proche de Khamenei. Nous nous sommes connus lorsque j'ai réglé avec lui le contentieux Eurodif et l'affaire des otages au Liban », rappelle Roland Dumas. « Il m'a reçu peu avant l'annonce de la libération du skipper français Stephane Lherbier. Il m'avait dit qu'Ali Khamenei allait ratifier la grâce », raconte-t-il, « pour l'anecdote ».


Depuis quelques jours, Ali Akbar Velayati s'active sur la scène internationale alors que le délai fixé par le Conseil de sécurité de l'ONU pour que l'Iran cesse ses activités d'enrichissement expire. Le diplomate iranien défend, selon Roland Dumas, un « paquet de propositions ». Parmi elles, figure en bonne place l'idée de confier à un consortium international géré par les Européens le traitement de l'uranium sur le sol iranien. Il s'agirait de relancer, via Eurodif, la coopération franco-iranienne qui avait abouti à la construction du réacteur nucléaire à usage civil de Darakhoin, près d'Ahwaz.


« Élément d'équilibre »


L'Iran, qui conserve un siège vacant au conseil d'administration d'Eurodif, ne dispose plus de parts dans la société. Bloqué après la chute du chah, le différend financier entre la France et l'Iran avait été réglé en 1989 par Roland Dumas et Ali Akbar Velayati, les ministres des Affaires étrangères de l'époque. Le chef de la diplomatie française avait officialisé la fin de la brouille avec l'Iran de Khomeyni et ses preneurs d'otages à l'occasion d'une visite en février de cette année-là, mais l'assassinat, deux ans plus tard à Paris, de l'ancien premier ministre Chapour Bakhtiar par des tueurs du régime iranien avait mis fin au rapprochement.


Roland Dumas est, cette fois, entré dans le dossier nucléaire iranien avec des déclarations tonitruantes sur la bombe atomique chiite. Il considère en effet la détention par Téhéran de l'arme nucléaire comme un « élément d'équilibre dans la région ». « Avoir la bombe atomique n'est pas forcément un facteur aggravant », avait-il affirmé au début du mois, en marge de la polémique sur les propos tenus par Jacques Chirac dans un entretien avec le New York Times et Le Nouvel Observateur. « C'est un facteur de rétablissement de l'équilibre et qui dit équilibre dit maintien de la paix », avait-il assuré. « À l'inverse, si dans une région du monde, un pays puissant, surarmé, dispose de la bombe atomique, c'est lui qui fait sa loi », avait-il ajouté. Soit des propos diamétralement opposés aux positions de Ségolène Royal, adversaire déclarée du nucléaire iranien sous ses formes militaires mais aussi civiles.


« Mes interlocuteurs iraniens suivent avec attention et parfois incompréhension l'attitude de la France. Ils m'ont interrogé sur les déclarations de Ségolène Royal », affirme Roland Dumas, qui n'a plus de responsabilités au Parti socialiste. « Il est possible qu'elle s'assouplisse si elle devient présidente. »


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Monday, February 26, 2007

Ségolène embauche Edgard Morin


3 - Indiscrétion
Ségolène embauche Morin
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Pour écrire son « Pacte présidentiel » présenté le 11 février à Villepinte, Ségolène Royale a fait appel à l’esprit et à la plume de plusieurs intellectuels parmi lesquels Edgar Morin. Le sociologue avait été condamné en 2005 pour une tribune aux relents antisémites publiée dans « Le Monde » avant d’être relaxé par la Cour de Cassation. L’affaire n’est d’ailleurs pas terminée puisqu’un recours a été introduit par une association antiraciste devant la justice européenne.

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Martin perez

Sept néo-nazis présumés jugés pour l'autodafé d'un exemplaire du Journal d'Anne Frank

Sept néo-nazis présumés jugés pour l'autodafé d'un exemplaire du Journal d'Anne Frank
BERLIN (AP) - Sept néo-nazis présumés ont comparu lundi pour incitation à la haine raciale et profanation après avoir brûlé un exemplaire du "Journal d'Anne Frank" lors d'un rassemblement l'an dernier.

Agées de 24 à 29 ans, les sept hommes sont accusés d'avoir fait l'apologie du nazisme et réfuté l'existence de l'Holocauste lors d'une rassemblement le 24 juin 2006.
Lars Konrad, 25 ans, est poursuivi pour avoir jeté le livre au feu devant de nombreux spectateurs et les six autres pour s'être tenus à ses côtés à ce moment-là. Tous sont également accusés d'avoir employé des expressions nazies pour se moquer d'Anne Frank et de toutes les victimes des camps de concentration.

Le négationnisme, considéré comme un crime par la justice allemande, et l'incitation à la haine raciale sont passibles de cinq ans de prison.


Dans son journal, Anne Frank, adolescente juive pendant la Seconde guerre mondiale, raconte les 25 mois qu'elle et sa famille ont passé cachés dans un grenier d'Amsterdam pour se protéger des rafles nazies. Dénoncés, ils furent déportés : Anne mourut du typhus en 1945 à 15 ans au camp de Bergen-Belsen, et son père, unique rescapé de la famille, fit publier le journal de la jeune fille à son retour. "Le journal d'Anne Frank" a été le premier livre sur l'Holocauste a connaître un succès populaire.

La montée de l'extrême-droite en Allemagne de l'Est, et notamment des groupes néo-nazis, très violents, inquiète les responsables politiques et les représentants de la communauté juive. Trois Lander (Etats régionaux) de l'Est comptent des députés d'extrême-droite dans leur parlement. AP

pf/v0281/ll

Les actes antisémites ont augmenté en 2006

Le Service de Protection de la Communauté Juive vient de rendre publics les chiffres des actes antisémites commis en France en 2006. Les tendances observées l’année dernière ne s'inscrivent pas dans la baisse qui avait marqué l'année 2005. Plus que les menaces, ce sont les actions et les violences recensées l'année passée qui apparaissent majoritairement dans les actes commis contre les victimes de l'antisémitisme. L'année 2006 a été celle de l'assassinat d'Ilan Halimi, violence paroxystique en elle-même et génératrice de répercussions. Elle a aussi été celle d'une guerre entre Israël et le Hezbollah et l'on connaît l'effet immédiat des crises du Proche-Orient sur l'expression de l'antisémitisme. Hormis ces deux temps difficiles, qu'en a-t-il été du reste de l'année ?

L'intégralité de l'analyse est accessible sur le lien suivant: http://www.crif.org/uploads/articles/fichiers/bilan_analyse_actes_antisemites_2006.pdf

ces français, soldats d'Israël

Le Point consacre cette semaine un reportage sur les jeunes juifs français qui quittent leur pays pour vivre en Israël et rejoignent l’armée israélienne, posant la question de leurs motivations et parfois de leur malaise.
Entre autres témoignages, celui de Michel 20 ans, né à Marseille, parti à peine majeur pour Israël : « Je pense à la France tout le temps. J’adore ce pays, mais ce n’est plus le mien. Je sens que la France ne veut plus de moi. C’est elle qui m’a demandé le divorce ! » dit-il sur le ton de la plaisanterie. Pour Michel, le calvaire d’Ilan Halimi est venu renforcer sa détermination et conforter la conviction qu’il n’avait plus rien à faire en France, poursuit l’hebdomadaire.
Autre témoignage, celui d’Eran 30 ans qui s’appelait Grégoire en France. Ce sont Albert Londres, Joseph Kessel et Jacques Derogy qui lui ont donné l’envie de s’installer en Israël et de porter l’uniforme israélien. « Je suis originaire de Montbéliard. J’aime ce coin de France de toutes mes forces et j’y serais attaché jusqu’à mon dernier instant, même si je ne peux plus imaginer d’y vivre. La France, c’est l’endroit où je me sens chez moi. Israël, c’est le pays qui donne un sens à ma vie. En étudiant le sionisme, je me suis rendu compte que le retour des juifs sur leur terre était une des rares belles choses sorties de l’histoire du XXème siècle. La France je ne sais plus où elle va, j’ai un amour désespéré pour la France et un amour plein d’espérance pour Israël. ».
« Ces jeunes Français qui s’engagent dans Tsahal sont-il réellement représentatifs d’un malaise de fond des Juifs ? » « Nul ne le sait » conclut Le Point.

Engin incendiaire dans une école maternelle juive à Berlin

Engin incendiaire dans une école maternelle juive à Berlin
26/02/2007 - 16h02 - © Reuters

Des inconnus ont jeté dimanche un engin incendiaire dans une école maternelle juive de Berlin et tracé des inscriptions antisémites sur la façade, annonce la police allemande qui a lancé un appel à témoins. Les dégâts sont peu importants.

Le ministre de l'Intérieur de la ville-Etat, Erhart Koerting, a dénoncé la "lâcheté" des agresseurs.

Sunday, February 25, 2007

"La Turquie, une chance", par P. Besnainou, Président du Congrès Juif Européen

Publié le 15 février 2007

15 février 2007 - Par Pierre Besnainou, Président du Congrès Juif Européen

Le monde musulman mérite un porte-parole plus respectable que la voix extrémiste et haineuse du Président Ahmadinejad. Depuis près d’un demi-siècle, le monde musulman a connu diverses tentatives d’unification : le nationalisme issu de la décolonisation, le panarabisme de Khadafi, Nasser ou Saddam Hussein et plus récemment le radicalisme islamique dans sa version sunnite avec Al Qaida et dans sa version chiite avec la République Islamique d’Iran.

Nous sommes donc passés insensiblement du rêve d’une unité du monde arabo-musulman à l’utopie d’une unité du monde musulman dans sa globalité fédérant l’Oumma, la communauté des croyants. Aujourd’hui un homme prétend incarner cette unité, il s’agit du Président Ahmadinejad, qui appartient pourtant à un courant minoritaire au sein de l’Islam : le chiisme. Mais là n’est pas le plus grave. Le discours développé par le leader persan, centré autour de la notion de Jihad « Guerre Sainte » relève d’une violence sans précédent à l’égard de l’occident et naturellement des Etats-Unis et d’Israël dont il s’est promis la disparition. Cette rhétorique guerrière est perçue comme une menace jusqu’au sein même du monde musulman, les régimes modérés craignant la constitution d’un croissant chiite au Moyen-Orient qui pourrait être une redoutable force de déstabilisation. Nous le voyons au Liban avec la contestation orchestrée depuis plusieurs mois par le Hezbollah.

Or, à la frontière iranienne, au carrefour de l’Occident et de l’Orient, la Turquie parvient à conjuguer tradition et modernité avec un équilibre subtil. Pétrie d’une culture musulmane multiséculaire, la société turque semble avoir réussi très tôt sa transition vers la modernité en s’appropriant les valeurs occidentales : la laïcité, la liberté d’opinion et de croyance, et, bien sûr, la démocratie. La Turquie est aujourd’hui un pays unique dont les contradictions apparentes sont autant d’atouts pour affronter les défis de demain. Voilà un pays qui fait exception à toutes les théories selon lesquelles l’Islam est incompatible avec la démocratie. Au contraire tout en affirmant sans ambages sa culture musulmane, la Turquie parvient à assurer un Etat de droit à l’image des démocraties occidentales.

Une autre boussole du degré d’ouverture des sociétés musulmanes consiste à regarder les relations entretenues par leurs gouvernements avec les Etats-Unis d’une part, et avec Israël d’autre part. Même si le gouvernement d’Ankara s’était opposé en 2003 à l’utilisation de son territoire par la coalition anglo-américaine, le partenariat avec les Etats-Unis est solide et d’une importance stratégique fondamentale.

Par ailleurs, faut-il le rappeler, la Turquie a été le premier pays musulman à reconnaître Israël en 1949, et pendant trente ans le seul. Depuis plusieurs années, la Turquie est devenue un partenaire stratégique essentiel de la politique étrangère israélienne. Ce partenariat repose sur plusieurs piliers : une alliance militaire solide, une préoccupation commune pour lutter contre le terrorisme, des accords commerciaux dynamiques, notamment sur la question très sensible de l’eau, sans oublier que la péninsule Anatolienne est une destination touristique très prisée des Israéliens.

D’aucuns ont cru que l’accession au pouvoir du Parti pour la Justice et le Développement, issu de la mouvance islamiste, donnerait un coup d’arrêt à ce partenariat. Au contraire, après plusieurs années d’exercice du pouvoir, il faut admettre que l’alliance israélo turque est toujours aussi dynamique. Certes, le discours ou le ton ont parfois changé, mais aucune modification substantielle de la politique turque n’est intervenue. En 2005, le ministre des affaires étrangères Abdullah Gul était allé en Israël afin de consolider les relations bilatérales, et, quelques mois plus tard, c’était au tour du premier ministre Erdogan de se rendre en Israël et rappeler l’amitié de son pays à l’égard de l’Etat hébreu

Lors de ma récente visite à Ankara, j’ai fait part au Premier Ministre Erdogan de ma conviction qu’il a un rôle de premier plan à jouer au Moyen-Orient. Respecté par l’ensemble des pays musulmans, depuis les monarchies du Golfe jusqu’aux Etats d’Asie Centrale et Orientale, des islamistes du Hamas aux Palestiniens modérés, la Turquie est également un partenaire solide et confiant des Etats-Unis et d’Israël. Elle possède donc la légitimité de pouvoir dialoguer avec tous les acteurs influents de la région. Ce positionnement fait de la Turquie, un leader régional naturel en lieu et place de l’influence néfaste de l’Iran. Le premier ministre Erdogan qui partage cette analyse est, sans aucun doute, disposé à œuvrer pleinement pour le rapprochement entre Palestiniens et Israéliens. Il nous appartient maintenant de prêter une oreille attentive à ce discours d’amitié et de mesurer à sa juste valeur le rôle que peut jouer la Turquie dans le processus de paix. Il amènerait enfin un affaiblissement significatif du pouvoir du Président Ahmadinejad, lui faisant perdre son leadership et soutenant la contestation d’une partie du peuple iranien.

Voilà pourquoi le voyage du Premier Ministre Ehoud Olmert à Ankara est particulièrement important. Il peut permettre à la Turquie d’émerger comme un acteur central au Moyen Orient, servant de modèle pour les sociétés musulmanes éprises de liberté, rappelant que l’Islam n’est pas incompatible avec la démocratie et, surtout, consolidant un partenariat stratégique avec l’Etat hébreu.

Voilà également pourquoi, pour l’Union Européenne, le rapprochement avec la Turquie permettrait de consolider une démocratie dans cette région du monde où elle est une valeur bien rare, d’étendre la sphère d’influence de l’Europe à une aire géostratégique centrale et d’endiguer la contagion du radicalisme islamique.

Evidemment, ce n’est pas une démarche simple. Elle demande une vision politique audacieuse, du courage, et de la détermination. Mais ce n’est qu’à ce prix que nous parviendrons demain à mettre un grain de sable dans la logique qui prévaut actuellement, celle d’un affrontement des civilisations. Peut-être ce grain de sable sera-t-il porteur d’un vent nouveau qui soufflera demain au Moyen-Orient, apportant la liberté aux peuples, et faisant taire les armes. Qu’il me soit permis d’espérer que le prochain prix Nobel de la paix soit celui qui, au sein de l’Islam, a su faire barrage à la logique de la haine et du ressentiment, en apportant la lumière et la paix à une région depuis trop longtemps plongée dans l’obscurité de la violence.

Source

Un monument sur l’Holocauste et un cimetière juif profanés en Ukraine

Des vandales ont dessiné des croix gammées sur un monument commémoratif de l’Holocauste et sur des centaines de tombes dans un cimetière juif à Odessa, un port du sud de l’Ukraine, ont déclaré mardi à l’AFP la police locale et la communauté juive.

"Le monument porte des croix gammées et une inscription +Bonne fête de l’Holocauste+. Il y a aussi des croix gammées sur des centaines de tombes, de 270 à un millier, selon de différentes informations", a dit à l’AFP le porte-parole de la communauté juive d’Odessa Boleslav Kapoulkine.

L’incident a eu lieu dans la nuit de dimanche à lundi, a précisé la police, qui a fait état de 302 tombes profanées et a ouvert une enquête pour "hooliganisme". Les inscriptions ont été faites avec de la peinture rouge, selon le service de presse de la police.

"C’est de la sauvagerie", s’est insurgé M. Kapoulkine, précisant toutefois qu’il s’agissait d’un incident "rare" dans cette ville qui compte depuis des siècles une importante communauté juive.

Il a estimé qu’il s’agissait d’une "opération planifiée", le monument et la cimetière se trouvant dans des quartiers différents.

M. Kapoulkine a également dit ne pas faire confiance à des "rumeurs" sur des motivations "politiques" dans cette affaire. "Ceux qui l’ont fait sont simplement des idiots et des fascistes. Ils nuisent moins aux juifs qu’à l’Ukraine elle-même", a-t-il lancé.

Des sociologues ukrainiens s’inquiétaient récemment d’une hausse du niveau de xénophobie observée, selon eux, ces dernières années, dans cette ex-république soviétique, qui compte l’une des plus importantes communautés juives au monde, forte de 350.000 à 400.000 personnes.

Saturday, February 24, 2007

Les attentats de New York ? Un «incident» pour le chef du FN qui renoue avec les outrances.

Le 11 septembre, presque un détail pour Le Pen
Par Christophe FORCARI
QUOTIDIEN : jeudi 22 février 2007

Le Pen a beau se revendiquer du «centre droit», le fond reste le même et le naturel remonte vite à la surface. En 1987, il qualifiait de «point de détail» de la Seconde Guerre mondiale les chambres à gaz nazies. Rebelote hier dans sa volonté de minorer des atrocités : dans un entretien accordé à la Croix, le président du Front national minimise les attentats perpétrés le 11 septembre 2001, à New York. «L'événement, pour ne pas dire l'incident, a conduit un certain nombre de gens à prendre leurs distances pour ne pas tomber sous le coup des accusations qui étaient alors lancées», déclare le candidat d'extrême droite. Pour lui, les 3 000 victimes de ces attentats, «c'est ce qu'il y a en un mois en Irak, c'est beaucoup moins que les bombardements de Marseille ou de Dresde à la fin de la Seconde Guerre mondiale, qui étaient aussi des actes terroristes car ils visaient expressément des populations civiles».
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«Chapon». Des propos qui ne collent pas franchement avec la ligne policée et républicaine imposée par la directrice stratégique de sa campagne, Marine Le Pen et que le père tente de suivre depuis son entrée dans la bataille présidentielle. Déjà mardi, invité par la Fédération nationale de la chasse, il avait expliqué que, dans le quartier gay de Paris, «du Marais, on peut chasser le chapon sans date d'ouverture ou de fermeture, mais dans le marais de Picardie, on ne peut plus chasser le canard en février». «Que voulez-vous, il ne peut pas s'en empêcher, se lamente un haut responsable frontiste, Le Pen sera toujours Le Pen. Il ne veut pas passer sous les fourches caudines du politiquement correct. Au risque de commettre des maladresses.»
Le leader d'extrême droite est un habitué des provocations verbales douteuses mais totalement assumées. Elles offrent l'avantage de ranimer l'attention autour de sa personne. François Hollande a aussitôt dénoncé la «provocation» de Le Pen et l'a accusé de «grossièreté et d'insulte» à l'égard des victimes du 11 septembre. «Le Parti socialiste tente de se refaire une existence politique sur le dos de Le Pen», s'emporte Marine Le Pen qui ne considère «pas cette phrase [sur les attentats, ndlr] comme un dérapage. En aucun cas !»
Alors qu'elle avait pris ostensiblement ses distances après les propos de Le Pen jugeant l' «occupation allemande pas si inhumaine que cela», cette fois, elle fait bloc derrière le candidat
. «Plutôt que de nous donner des cours de sémantique, François Hollande ferait mieux d'en donner à sa compagne [Ségolène Royal, ndlr]. Les seules victimes du terrorisme parmi la classe politique française, c'est Le Pen et ses enfants», poursuit la vice-présidente du FN. En 1976, l'appartement des Le Pen avait été détruit par un attentat à la dynamite.
Louis Aliot, proche de Marine Le Pen n'est pas, lui non plus, «choqué. Le mot ne choque que le petit monde politico-médiatique pas le peuple. Nous ne cautionnons pas ce qui a conduit à la guerre en Irak», mais pas question, non plus d'approuver l'action du président américain et son «scénario de l'horreur en Irak». Même tonalité chez Martial Bild, délégué général adjoint pour qui «Le Pen n'a pas tant cherché à minorer les attentats du 11 septembre qu'à prendre l'exacte mesure des conséquences que cela a provoqué pour l'Irak».
Martial Bild prend soin de rappeler que Le Pen avait envoyé une lettre de sympathie à l'ambassade des Etats-Unis après les attentats. Mais le leader du Front national n'a jamais manqué une occasion de condamner la politique américaine dans le Golfe et d'affirmer son soutien à l'Irak de Saddam Hussein au temps du blocus américain. Pour lui, les attentats de New York ne constituaient que le logique retour de bâton de la politique des Etats-Unis.
Capitalisme apatride. En relativisant la portée des attentats du 11 septembre, Le Pen renoue avec le discours traditionnel de l'extrême droite pour qui les Etats-Unis représentent avant tout la patrie du capitalisme apatride. Dans son entreprise de séduction tous azimuts, il adresse également un signal fort à l'électorat d'origine maghrébine, hostile à la politique américaine au Moyen-Orient et à celle de son principal allié dans la région, Israël.
Une autre frange du FN, elle, se prononce sans hésitation pour une solidarité de l'Occident contre les islamistes. Mais, le jour du 11 septembre, certains, au «Paquebot», le siège du FN à Saint-Cloud, n'avaient pas hésité à faire sauter les bouchons de champagne pour fêter l'événement. Et non pas l' «incident».

Le syndicat Action Police quitte la CFTC

La centrale chrétienne reproche aux policiers leur proximité avec Villiers.
Par Christophe FORCARI
QUOTIDIEN : samedi 24 février 2007
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A la CFTC, Philippe de Villiers ferait presque figure de diablotin. Le président du MPF y provoque des règlements de comptes. La confédération syndicale chrétienne a décidé, début février, de retirer leurs mandats aux responsables du syndicat Action Police affilié à la CFTC. «Pour la simple et bonne raison que leur comportement n'était pas acceptable au regard de l'indépendance syndicale. Ils s'exprimaient au nom de la CFTC sur des terrains et des sujets non syndicaux», souligne Jacques Voisin, secrétaire général de la CFTC.Le dirigeant d'Action Police, Michel Thooris a effectivement été militant du Mouvement pour la France de Villiers de 1999 à 2005. Il conteste cette version des faits. Pour lui, la confédération aurait décidé de sanctionner la proximité d'Action Police avec de nombreuses organisations juives sionistes «parce que la CFTC se comporte comme une secte papale. Si on n'est pas catholique limite intégriste, on n'y a pas sa place», déclare Michel Thooris qui avec les instances de son organisation a décidé de porter plainte pour «comportement antisémite» contre le secrétaire général de la confédération chrétienne.Action Police s'était rapproché de plusieurs associations de la communauté juive après les émeutes de novembre 2005 notamment et le meurtre d'Ilan Halimi, début 2006, considérées comme étant les seules à pouvoir faire barrage à la menace de «l'islamisation» de la France dénoncée par Villiers. «Jacques Voisin était parfaitement au courant de mon appartenance politique. Il avait même jugé que cela pouvait présenter un atout pour favoriser l'implantation du syndicat dans la police», précise Michel Thooris pour qui les choses ont commencé à se gâter «à partir du moment où Action Police a commencé à attaquer Sarkozy, soutenu par la CFTC».
Réunis en assemblée générale le 9 février, les militants d'Action Police ont donc décidé de se désaffilier d'une CFTC qui ne voulait plus les conserver dans ses rangs. «Tout cela s'est fait de manière concomitante, explique Jacques Voisin. A partir du moment où nous avons entamé les procédures contre eux, ils ont anticipé en décidant de partir» .

Une brochure antisémite plonge l'Europe dans l'embarras


Des menaces de poursuite planent contre un député polonais membre du Parlement européen, Maciej Giertych, qui vient d'embarrasser l'institution paneuropéenne en rédigeant et en distribuant une brochure d'inspiration antisémite.

L'élu d'extrême droite y véhicule notamment l'idée que son pays, issu de la « civilisation latine », est menacé de l'intérieur par la « civilisation juive », les deux ne pouvant « par leur nature même » faire autre chose que s'affronter.

Le texte, déplore le Congrès juif européen, utilise les « mêmes thèses raciales d'avant-guerre qui ont mené à l'Holocauste, arguant que la civilisation juive n'a pas sa place en Europe ».


L'organisation a précisé qu'elle « se réservait le droit » de poursuivre en justice le député, qui est issu de la Ligue des familles polonaises, une formation ultraconservatrice membre de la coalition gouvernant actuellement la Pologne.



Guerre des civilisations



L'Union des patrons et des professionnels juifs de France a fustigé l'utilisation par l'auteur des « clichés antisémites les plus abjects ». « Il s'agit d'une nouvelle démonstration de l'antisémitisme viscéral qui sévit encore aujourd'hui à de nombreux échelons de la société polonaise, le seul État européen où des pogroms ont été commis après la Shoah », ont indiqué ses dirigeants par voie de communiqué.






Le ministère des Affaires étrangères israélien a demandé en milieu de semaine au gouvernement polonais de « condamner formellement » la brochure de l'eurodéputé, qui l'a présenté aux médias lors d'une conférence de presse tenue en marge d'une réunion du Parlement européen à Strasbourg, en France.

Maciej Giertych avance dans le document, intitulé La guerre des civilisations en Europe, que les juifs préfèrent « de leur propre gré vivre une vie séparée, en apartheid avec les communautés voisines ».

« Le fait qu'ils s'en tiennent à leur propre communauté, leur propre civilisation... fait en sorte que des différences biologiques se développent », continue l'auteur, qui présentait encore son livre sur son site Internet hier.

La diffusion de la brochure, qui comportait sur sa page frontispice le logo du Parlement européen, a gêné l'organisation européenne, accusée de financer une publication antisémite.

Son porte-parole, Jaume Duch, affirme qu'aucune somme n'a été versée pour couvrir les frais d'édition. Le député polonais, indique-t-il en entrevue, a d'ailleurs été avisé à l'avance qu'il ne pourrait « jamais » recevoir d'argent parce que la teneur de ses propos allait à l'encontre des valeurs défendues par l'Union européenne.

Le président du Parlement, Hans-Gert Pöttering, a ordonné l'ouverture d'une enquête sur l'initiative du député, qui pourrait être sanctionné.



Passible de poursuite en France



Il pourrait aussi être poursuivi en vertu des lois en vigueur en France interdisant les propos antisémites, a indiqué M. Duch. Bien que le député polonais dispose de l'immunité parlementaire, celle-ci peut être levée par un vote.

Le Parlement, précise le porte-parole, a déjà pris une décision de ce type après que la justice française eut demandé la levée de l'immunité du dirigeant du Front national, Jean-Marie Le Pen.

La brochure a été mal accueillie par les eurodéputés socialistes de Pologne. « Vous imaginez le danger si cet ouvrage était présenté dans les écoles polonaises comme le point de vue officiel du Parlement européen? » a demandé l'un d'eux, Jozef Pimar.

Le fils de Maciej Giertych, Roman, qui dirige la Ligue des familles polonaises, est vice-premier ministre et ministre responsable de l'Éducation en Pologne.

L'auteur du document n'en est pas à sa première controverse au sein du Parlement européen. En novembre 2005, il avait dû faire marche arrière après avoir organisé une exposition antiavortement de photos qui utilisait notamment l'image d'enfants derrière des barbelés à Auschwitz.

En novembre, il a dû se départir d'une assistante qui avait été prise en photo dans un rassemblement de néonazis polonais alors qu'elle faisait le salut hitlérien.

Thursday, February 22, 2007

Le Conseil des droits de l'Homme compare l'attitude d'Israël dans les territoires palestiniens à l'Apartheid

22 février 2007, 23h19


GENEVE (AP) - Le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU compare jeudi les actions d'Israël dans les territoires palestiniens à l'Apartheid, un parallèle qui a entraîné la colère de l'Etat hébreu.

Le rapport de John Dugard, un enquêteur indépendant sur le conflit israélo-palestinien pour le Conseil, doit présenter le document le mois prochain, mais il a été diffusé sur le site Internet de l'agence.

L'avocat sud-africain, qui avait lutté contre l'Apartheid dans les années 1980, estime que "les pratiques d'Israël dans les (territoires palestiniens) ressemblent à des aspects de l'Apartheid".

Le rapport de 24 pages énumère plusieurs accusations contre l'Etat hébreu, allant des restrictions de déplacements aux démolitions de maisons, en passant par des traitements préférentiels pour les colons installés en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza.

"Peut-on sérieusement démentir que l'objectif d'une telle action est d'établir et de maintenir la domination d'un groupe racial, les juifs, sur un autre groupe racial, les Palestiniens, et de les opprimer systématiquement?", interroge l'enquêteur.

L'ambassadeur d'Israël à Genève a accusé John Dugard de diriger ses attaques uniquement vers l'Etat hébreu. "Toute conclusion qu'il peut tirer est donc (...) partiale", a souligné Yitzhak Levanon.

Le Conseil des droits de l'Homme a essuyé de nombreuses critiques, y compris de son fondateur, l'ancien secrétaire général de l'ONU Kofi Anna, pour avoir concentré ses attaques contre un seul pays, Israël. John Dugard a été nommé expert en 2001 par l'ancienne Commission des droits de l'Homme pour enquêter uniquement sur les violations commises du côté israélien. AP

ir/v621

Papon, hors-la-loi jusque dans la tombe

Maurice Papon a été inhumé hier en Seine-et-Marne. Avec sa Légion d'honneur.
Papon, hors-la-loi jusque dans la tombe
Maurice Papon. REUTERS
Par Renaud LECADRE
QUOTIDIEN : jeudi 22 février 2007
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Maurice Papon a été inhumé, hier, dans le cimetière de Gretz-Armainvilliers, petite ville de Seine-et-Marne dont son père, Arthur Papon, décédé en 1942, fut autrefois le maire. Une rue porte son nom. Son fils ne risque pas un tel honneur. Sa tombe porte sobrement l'intitulé «Famille Papon», aux côtés de ses parents et de sa femme décédée en 1998. Cérémonie sobre, sans funérailles à l'Eglise, réunissant une quarantaine de proches aux tempes grises.
La famille et les quelques amis font corps, sans un mot pour l'extérieur. Ils sont presque moins nombreux que les journalistes. Un homme sort du lot et se présente : Olivier de Sarnez, président de l'association des médaillés de la Résistance et «fier de la porter en ce jour». Il est le père de Marielle de Sarnez, principale collaboratrice de François Bayrou, mais la malheureuse n'y est pour rien. Il assène : «C'est une nouvelle affaire Dreyfus. On compare Papon à Touvier ou Barbie, qui sont de vrais salauds. Mais des centaines de préfets ont signé les mêmes papiers que lui, des agents SNCF ont fait partir des trains.» Olivier de Sarnez reviendra plus tard confier le fond de sa pensée : «Toute cette affaire est un complot contre la mémoire du général de Gaulle.»
Dans l'enceinte du cimetière, à l'écart du clan Papon qui ne dit mot et du maul médiatique tenu à distance, des badauds refont tranquillement le match, pèsent et soupèsent la désobéissance en temps de guerre.
Druide. Un vieux monsieur : «Collabo, ça... c'est le dernier, y'en a plus.» Des jeunes à capuche : «Y a rien à voir, là, on voit même pas son corps. Ils auraient dû l'enterrer vivant.» La cérémonie attire une petite mais étrange faune. Comme cet autoproclamé druide, en peau de renard : «Papon est diabolisé par les médias juifs. Les pauvres Gaulois ne sont plus rien dans leur propre pays.»
Autour de la tombe, les obsèques sont animées par Michel Lelong, prêtre catholique ayant autrefois soutenu le négationniste Roger Garaudy, qui a témoigné en faveur de la Ligue islamique mondiale dans son procès intenté à Charlie Hebdo. Le père Lelong entame une lecture du sermon sur la montagne, «heureux les pauvres et les simples d'esprit, le royaume des cieux est à eux». Les deux qualificatifs conviennent peu à Maurice Papon, mais il s'agit d'en venir au point convenu : «Heureux ceux qui sont persécutés.» Michel Lelong se lance alors dans une diatribe contre la justice des hommes : «Rarement des jurés n'ont à ce point subi une telle pression médiatique. Heureusement, il y aura le jugement de l'histoire, puis la justice de Dieu.» Il refait le procès en parfait avocat de Papon : «Il ne s'est senti en rien coupable de ce qui ne dépendait pas de lui. Il a aidé ceux qui pouvaient l'être.»
Le petit groupe s'était tenu à l'écart, en bordure du cimetière, sans chercher à perturber la cérémonie. Mais sitôt la dalle scellée, ils applaudissent : «Bravo ! C'est un grand jour pour la France, enfin débarrassée de cette saloperie.» A la sortie, l'avocat de Maurice Papon, Bernard Vuillemin, fait les frais de quolibets : «Merci pour les Algériens jetés à la Seine !» souvenir de la répression policière d'octobre 1961. Une Parisienne brandit la liste reliée des déportés juifs de France : «Vous nous faites honte.»
Médaille. L'avocat doit surtout répondre à LA grande question : Maurice Papon a-t-il été enterré avec sa médaille de la Légion d'honneur ? Elle lui avait été officiellement retirée près sa condamnation en avril 1998 pour complicité de crimes contre l'humanité. En mars 2005, Papon avait même été condamné derechef pour «port illégal» de décoration. Me Vuillemin, bravache : «La classe politique peut aboyer, j'ai tenu parole. La croix de la Légion d'honneur remise des mains du général de Gaulle veille sur l'âme de Maurice Papon pour l'éternité.» Aucune autorité n'a jugé utile de faire ouvrir le cercueil pour vérifier. Parmi les quelques gerbes de fleurs, celle du sénateur-maire UMP de Saint-Amand-Montrond, successeur à ce poste de Maurice Papon. Une fois tout le monde parti, une petite poignée reviendra vers la tombe, pour un crachat symbolique.
L'éditeur Jean Picollec a indiqué, hier, que Papon lui avait remis une première ébauche de ses mémoires, le manuscrit devant être retravaillé. Sans surprise, «il ne renie rien», dans ce texte de 164 pages.

Monday, February 19, 2007

LA SI LONGUE CARRIERE D UN SALAUD SI RESPECTABLE

Condamné pour complicité de crime contre l'humanité, Maurice Papon est mort libre, samedi, à 96 ans.
Par Annette LEVY-WILLARD
QUOTIDIEN : lundi 19 février 2007
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L'homme est distingué et vif. Il se lève d'un bond quand on entre dans la pièce pour un baisemain à l'ancienne, la Légion d'honneur à la boutonnière d'un costume élégant. Il n'est plus ministre depuis que Giscard a perdu les élections en 1981, mais trône dans le cabinet de son avocat du XVIe arrondissement comme s'il présidait la préfecture de Gironde sous l'Occupation, celle de Constantine ou de Corse, nommé par de Gaulle, la préfecture de police de Paris, ou, encore plus au sommet, le ministère du Budget. Un homme de pouvoir qui incarne toujours, pense-t-il, l'Etat français. Il a accepté cette première interview à la presse alors qu'on ignore encore s'il y aura un procès Papon. Nous sommes le 5 mars 1996. Le lendemain, la chambre d'accusation de la cour d'appel de Bordeaux doit se réunir pour prendre une décision historique : Maurice Papon doit-il ou non comparaître devant une cour d'assises pour «complicité de crimes contre l'humanité» ? La guerre est finie depuis un demi-siècle.

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L'affaire Papon ne cesse de rebondir depuis quinze ans et rien n'affaiblit la combativité du vieux monsieur de 85 ans. «Je n'ai rien à me reprocher, au contraire... J'ai la conscience parfaitement tranquille», dit-il dès que le magnétophone se met à tourner. Cela restera sa ligne de défense jusqu'à sa mort.
Est-il convaincant ? Est-il sincère ? Il se présente comme un simple «téléphoniste», un petit fonctionnaire qui contresignait seulement les ordres d'arrestation des Juifs de Bordeaux ­ après avoir d'abord nié que ce soit vraiment sa signature au bas des documents publiés par le Canard enchaîné en 1981. Un faux. Un complot politique de la gauche, expliquait alors Papon, une vengeance, «parce que j'ai fait une carrière exceptionnelle». Secrétaire général de la préfecture de Gironde, il prétend que ses services jouaient un rôle qu'on appellerait aujourd'hui «humanitaire», en apportant nourriture et couvertures aux «malheureux» Juifs parqués dans la synagogue en attendant leur transfert vers Drancy puis Auschwitz. «Il y a deux choses dont je suis fier, dit-il. J'ai remplacé la Feldgendarmerie, qui escortait les convois de Juifs par la gendarmerie française, et j'ai remplacé les wagons à bestiaux par des wagons de voyageurs. Une fois.» Il parle déjà des «130 israélites» qu'il aurait rayés des listes pour les sauver des rafles.
Alors qu'il avait eu des témoignages directs, à Bordeaux, racontant la destination des trains qui partaient de Drancy vers Auschwitz, il affirme sèchement : «Personne ne savait. Je l'ai découvert quand Churchill l'a dit à la Libération.» Une défense béton qui sera développée plus tard ­ pendant les six mois que durera le procès Papon d'octobre 1997 à avril 1998 ­, troublante, au point qu'on pense que toute cette affaire peut se terminer par l'acquittement du haut fonctionnaire de Vichy.
«Une part d'inspiration étrangère»
Certes, deux ans avant son procès, Papon se laisse aller, à la fin de l'entretien, à un dérapage antisémite, voyant la main d'un lobby juif agissant contre la France ­ «Il y a une part d'inspiration étrangère dans cette affaire... M. Klarsfeld est un salarié de l'organisation américaine Anti-Defamation League... Ces gens ont participé notamment par leur argent...» ­, mais pour le reste ses explications sont claires et précises. Froides. Convaincantes.
Un problème. Fallait-il lui donner la parole sans répondre point par point à son argumentation ? Ou remettre un peu de l'horrible réalité à côté de sa démonstration brillante ? Libération choisit de publier, à côté de l'interview, les photos de quelques-uns des enfants arrêtés à Bordeaux par l'administration française. Comme les deux petites soeurs Stopnicki, Rachel, 2 ans, et Nelly, 5 ans. Leurs parents ont été déportés, mais une famille a recueilli les fillettes dans les Landes. La préfecture de Bordeaux prendra la peine d'envoyer les policiers français chercher les deux petites à Salles, dans leur famille d'accueil, pour les mettre dans un train pour Drancy. Elles seront ensuite déportées, seules, à Auschwitz, le 31 août 1942, où elles seront assassinées à l'arrivée. Leur soeur Thérèse, qui a survécu, sera l'une des parties civiles contre Papon. Lequel, d'ailleurs, se justifiera au cours de son procès, expliquant que certains de ces enfants avaient été «réclamés» par leurs parents. Or ces parents étaient déjà morts.
Papon, «qui n'a rien à se reprocher», se mettra en colère à la fin de cette rencontre de 1996. Comment, lui, le grand serviteur de l'Etat, peut-il être confondu avec des criminels comme Paul Touvier, ancien chef de la milice à Lyon qui, eux, ont du sang sur les mains : «Vous ne croyez pas que ça me fait mal d'être associé à Touvier, qui est un assassin ?» lance-t-il.
Sa carrière exceptionnelle, comme dit Papon, fut en effet une carrière très réussie de respectable salaud.
Plus respectable que le chef de la Gestapo Klaus Barbie, qui a été un salaud toute sa vie ­ de tortionnaire à Lyon pendant la guerre, à tortionnaire en Bolivie, embauché par la dictature dans les années d'après-guerre. Retrouvé en Bolivie et enlevé en 1983 par les Français, parce que la France de Mitterrand voulait juger l'Allemand, le nazi, le boucher de Lyon, l'assassin de Jean Moulin. Mais Klaus Barbie ne pouvait plus être poursuivi pour ces crimes de guerre, il sera condamné à la perpétuité en 1987 pour la déportation des enfants juifs de la colonie d'Izieu, un «crime contre l'humanité», donc imprescriptible.
Plus respectable, aussi, que l'autre accusé de «crimes contre l'humanité», Paul Touvier. Voyou, voleur, milicien, chef de bande, assassin, il sera condamné en 1994 à perpétuité pour avoir lui-même choisi des Juifs parmi les otages enfermés à Lyon et les avoir fusillés après que la Résistance a abattu un porte-parole de la collaboration.
Et même plus respectable que l'ami de Mitterrand René Bousquet, qui, lui, avait les mains encore plus sales que Papon. Chef de la police de Vichy, René Bousquet, fonctionnaire zélé, avait organisé et exécuté, en juillet 1942, à la demande des Allemands, les grandes rafles du Vél' d'Hiv' à Paris ; 12 884 Juifs arrêtés par les policiers français, pas un Allemand en vue. Bousquet, toujours zélé, avait proposé de livrer aussi les Juifs étrangers réfugiés en zone libre, et en particulier les enfants que les nazis ne réclamaient pas encore. Il avait ordonné aux préfets des régions du Sud d'aller chercher les Juifs qui se cachaient. Des milliers de morts sous l'autorité de René Bousquet, jeune fonctionnaire qui ne fit pas carrière dans l'administration mais qui, après avoir été acquitté par une haute cour de la Libération, utilisa ses relations pour réussir une carrière de banquier ­ directeur de la Banque d'Indochine ­ et d'homme d'affaires prospère. Il déjeunait souvent avec François Mitterrand, son vieil ami du temps de Vichy, qui l'invitait aussi dans sa maison de Latche.
«Papon n'a jamais sauvé 130 Juifs»
Pour Mitterrand, on pouvait, comme lui, avoir servi Pétain ­ Mitterrand avait même été décoré de la francisque par le gouvernement vichyste ­ et rejoindre plus tard le camp gaulliste. S'il avait longtemps caché dans sa biographie officielle le début de sa carrière, le président a revendiqué, à la fin de sa vie, ses services dans le gouvernement français de Vichy, refusant, ce que fera Jacques Chirac («La France, ce jour-là accomplissait l'irréparable»), de reconnaître la responsabilité de la France dans la déportation des Juifs. Comme Papon, étrangement, Mitterrand dit tout ignorer du statut des Juifs quand il travaille pour le gouvernement, à Vichy, ville interdite aux Juifs : «Je ne suivais pas la législation du moment», déclare Mitterrand à son biographe Pierre Péan. Et, comme Papon et Bousquet, il pense encore que l'exclusion des Juifs de la société française ne visait que... les étrangers. En tout cas, il continuera de faire déposer une gerbe sur la tombe de Pétain à l'Ile-d'Yeu (Vendée), au nom du président de la République. Et tentera d'éviter que son ami Bousquet soit jugé pour crimes contre l'humanité. Lequel sera assassiné en 1993 par un déséquilibré.
Plus respectable que les Barbie, Touvier et Bousquet, ses coaccusés de crimes contre l'humanité, Maurice Papon, le haut fonctionnaire français a mené une carrière exceptionnelle de menteur et de salaud.
Menteur sur ses actes de résistance, affirmant qu'il a utilisé ses fonctions pour un «double jeu», se précipitant, à la dernière minute, en 1944, pour donner un coup de main à un Juif résistant, Roger-Samuel Bloch. Une «résistance» qui lui permet en 1981, d'être blanchi par un jury d'honneur de vrais résistants ­ que Maurice Papon a lui-même convoqué ­ pour contrer les accusations du Canard enchaîné. Qui lui vaut aussi d'être mis sur orbite par de Gaulle ­ sans illusions ­, qui le nommera directeur de cabinet du commissaire de la République à Bordeaux, puis préfet.
Menteur encore quand il affirme qu'il a sauvé des Juifs en les rayant du fichier. Ces «130 israélites» qui ont failli convaincre la cour d'assises de Bordeaux que Papon avait au moins sauvé des gens. Mensonge établi par Libération , avec l'aide des Klarsfeld. «Papon n'a jamais sauvé 130 Juifs», titrait le journal le 3 décembre 1997, prouvant que l'ancien secrétaire général de la préfecture de Gironde n'a pas pris la moindre initiative : il a rayé 130 personnes du fichier des israélites... parce qu'elles n'étaient pas juives. Plus jamais Papon ne revendiquera un prétendu sauvetage des Juifs. Jugé pour la déportation de 1 690 Juifs de Bordeaux, il sera condamné, le 2 avril 1998, à dix ans de réclusion criminelle par la cour d'assises de Gironde pour «complicité de crimes contre l'humanité».
Vieillard d'une étonnante vitalité, Papon n'hésitera pas non plus à mentir sur son état de santé, pour sortir de prison et comparaître libre à son procès. Après sa condamnation il a l'énergie de partir en cavale comme un jeune (lire ci-contre). Mais, rattrapé en Suisse et emprisonné à Fresnes, il réussit à se faire libérer en 2002, encore pour raisons de santé, bénéficiant de la loi Kouchner sur le droit des malades (lire page 5). Un état de «moribond» qui a duré jusqu'à samedi et sa mort, à 96 ans, dans une clinique de la région parisienne.
Ni regrets ni excuses
Respectable salaud ? Après avoir montré son efficacité dans les rafles de Juifs à Bordeaux, il fera une carrière de superflic de la répression. En 1958, de Gaulle le nomme préfet de police de Paris, en pleine guerre d'Algérie. C'est lui qui dirige donc les policiers chargés d'empêcher les manifestations d'Algériens. Il est au poste de commande le 17 octobre 1961 quand près de 200 Algériens disparaissent (lire page 3). On retrouvera leurs corps dans la Seine, certains pieds et poings liés. Là encore, ni regrets ni excuses pour ces crimes d'Etat. D'ailleurs, le ministre des Armées de l'époque, Pierre Messmer, est venu apporter son soutien à Papon, déclarant au procès qu' «[il assumait] avec le gouvernement tout entier, depuis le général de Gaulle jusqu'au dernier secrétaire d'Etat, la responsabilité des événements».
Papon est toujours à la tête de la police parisienne quand les communistes organisent, le 8 février 1962, une grande manifestation contre la guerre d'Algérie et l'OAS autour de la Bastille. Le préfet fera charger brutalement ses troupes contre les jeunes manifestants qui tentent de se réfugier dans le métro à la station Charonne. La foule s'écrasera sur les grilles de la station fermée, neuf manifestants meurent étouffés et piétinés.
Maurice Grimaud, préfet de police pendant les événements de mai 1968, confiera que face aux manifestants «certains regrettaient les méthodes plus rudes de mon prédécesseur, Maurice Papon... mais Pompidou résistait aux pressions, voulant à tout prix éviter que cela se termine par un bain de sang».
Maurice Papon, lui, en 1968, a repris sa brillante carrière. Bref passage dans l'industrie, puis élu gaulliste, il est un pilier du gouvernement Barre, sous la présidence de Giscard d'Estaing, quand le Canard Enchaîné publie le document signé de sa main organisant la déportation des Juifs de Bordeaux. Ce gaulliste ancien fonctionnaire de Vichy a eu une carrière exemplaire dans une France schizophrène qui refusait de regarder et d'examiner les années noires de la collaboration. Quelques semaines après l'émouvante cérémonie au Panthéon pour honorer les Justes ­ ceux qui ont sauvé des milliers de Juifs de la mort ­ le fantôme de Papon vient aujourd'hui rappeler, une dernière fois, le visage de l'autre France.

PAPON SERA ENTERRE AVEC SA MEDAILLE

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PARIS/BORDEAUX (Reuters) - Maurice Papon, seul Français condamné au titre de la déportation des Juifs pendant la Seconde guerre mondiale, sera inhumé mercredi ou jeudi avec la Légion d'honneur retirée après sa condamnation, malgré l'indignation de ses victimes et de la classe politique, confirme son avocat Francis Vuillemin.

Les autorités n'ont pas annoncé pour l'instant qu'elles feraient obstacle à la cérémonie. Le Grand chancelier de la légion d'honneur Jean-Pierre Kelche a rappelé dans un communiqué que le condamné s'était vu retirer automatiquement et de droit sa décoration en 1998 et qu'il "avait donc cessé définitivement d'être membre de la Légion d'honneur".

La décoration avait été remise par Charles de Gaulle à Maurice Papon en juillet 1961, quand il était préfet de police de Paris, poste qu'il a occupé entre 1958 et 1967.

Une intervention avant ou pendant l'enterrement n'aurait pas de base légale, a estimé Me Vuillemin, qui a promis qu'il veillerait "personnellement" à l'organisation de la cérémonie.

"Le délit de port illégal de décoration ne se conçoit que dans un lieu public. Le cercueil est le lieu le plus privé qui puisse être et un cadavre n'est plus un sujet de droit, il n'y a donc pas d'infraction", a dit l'avocat à Reuters.

"Maurice Papon m'a toujours dit qu'il porterait sa décoration jusqu'à sa dernière demeure. Je considère donc que je fais respecter sa volonté tacite", a-t-il ajouté.

L'ex-fonctionnaire de Vichy, mort samedi dans une clinique de Seine-et-Marne à 96 ans, avait été condamné à dix ans de réclusion criminelle pour "complicité de crimes contre l'humanité" en 1998. Il a purgé trois ans de prison avant d'être libéré en septembre 2002 pour raisons de santé.

Il vivait depuis dans sa résidence de Gretz-Armainvilliers (Seine-et-Marne), et c'est dans le cimetière de cette ville qu'il sera enterré, aux côtés de son épouse.

RÉACTIONS INDIGNÉES

Après les réactions indignées à gauche comme à droite, qui qualifiaient dimanche la démarche de Me Vuillemin de "provocation", les familles de certains des quelque 1.690 Juifs de Gironde déportés sous l'Occupation ont aussi protesté lundi.

"En plus d'être un mort sans remords, il veut rester un mort revanchard. Jusqu'au bout il n'aura pas changé. Il aurait pu, avant de partir, se montrer enfin humain vis-à-vis des victimes. Au lieu de cela, celui qui était un fonctionnaire zélé fait fi une dernière fois de l'ordre républicain", a dit à Reuters Jean-Philippe Husetowski, 66 ans, dont les parents sont morts en déportation.

Michel Slitinsky, porte-parole des parties civiles au procès Papon, a souhaité qu'au moment de obsèques, "il y ait préalablement une déclaration officielle des autorités indiquant que Papon a bien été déchu et qu'il n'est pas question de revenir dessus".

Michel Zaoui, avocat de certaines victimes, a en revanche moqué une "pauvre tentative de revanche post mortem".

"Si sa famille ou son avocat décident de mettre sa légion d'honneur dans son cercueil, ça m'indiffère. Ce qui est inadmissible c'est de le faire savoir, d'essayer d'en faire un événement, un acte politique", a-t-il dit.

En 2004 et en 2005 en appel, Maurice Papon avait été condamné à 2.500 euros d'amende pour port illégal de sa décoration, qui apparaissait sur une photo dans Le Point.

L'ordre de la Légion d'honneur a été créé le 19 mai 1802 par Napoléon, pour créer "la base d'une nouvelle société au service de la Nation", disent les textes officiels.

Par ailleurs, Jean-Louis Castagnède, qui avait présidé la cour ayant condamné Maurice Papon en 1998, est mort à 61 ans dans la nuit de samedi à dimanche, peu après lui, d'une rupture d'anévrisme, a-t-on appris à la Cour de cassation.

La mort de ce magistrat, qui était depuis 2003 conseiller à la chambre criminelle de la Cour de cassation, n'a pas de lien avec celle de Maurice Papon, car il se trouvait entre la vie et la mort depuis plusieurs jours déjà, a-t-on précisé

PAPON SERA ENTERRE AVEC SA MEDAILLE

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PARIS/BORDEAUX (Reuters) - Maurice Papon, seul Français condamné au titre de la déportation des Juifs pendant la Seconde guerre mondiale, sera inhumé mercredi ou jeudi avec la Légion d'honneur retirée après sa condamnation, malgré l'indignation de ses victimes et de la classe politique, confirme son avocat Francis Vuillemin.

Les autorités n'ont pas annoncé pour l'instant qu'elles feraient obstacle à la cérémonie. Le Grand chancelier de la légion d'honneur Jean-Pierre Kelche a rappelé dans un communiqué que le condamné s'était vu retirer automatiquement et de droit sa décoration en 1998 et qu'il "avait donc cessé définitivement d'être membre de la Légion d'honneur".

La décoration avait été remise par Charles de Gaulle à Maurice Papon en juillet 1961, quand il était préfet de police de Paris, poste qu'il a occupé entre 1958 et 1967.

Une intervention avant ou pendant l'enterrement n'aurait pas de base légale, a estimé Me Vuillemin, qui a promis qu'il veillerait "personnellement" à l'organisation de la cérémonie.

"Le délit de port illégal de décoration ne se conçoit que dans un lieu public. Le cercueil est le lieu le plus privé qui puisse être et un cadavre n'est plus un sujet de droit, il n'y a donc pas d'infraction", a dit l'avocat à Reuters.

"Maurice Papon m'a toujours dit qu'il porterait sa décoration jusqu'à sa dernière demeure. Je considère donc que je fais respecter sa volonté tacite", a-t-il ajouté.

L'ex-fonctionnaire de Vichy, mort samedi dans une clinique de Seine-et-Marne à 96 ans, avait été condamné à dix ans de réclusion criminelle pour "complicité de crimes contre l'humanité" en 1998. Il a purgé trois ans de prison avant d'être libéré en septembre 2002 pour raisons de santé.

Il vivait depuis dans sa résidence de Gretz-Armainvilliers (Seine-et-Marne), et c'est dans le cimetière de cette ville qu'il sera enterré, aux côtés de son épouse.

RÉACTIONS INDIGNÉES

Après les réactions indignées à gauche comme à droite, qui qualifiaient dimanche la démarche de Me Vuillemin de "provocation", les familles de certains des quelque 1.690 Juifs de Gironde déportés sous l'Occupation ont aussi protesté lundi.

"En plus d'être un mort sans remords, il veut rester un mort revanchard. Jusqu'au bout il n'aura pas changé. Il aurait pu, avant de partir, se montrer enfin humain vis-à-vis des victimes. Au lieu de cela, celui qui était un fonctionnaire zélé fait fi une dernière fois de l'ordre républicain", a dit à Reuters Jean-Philippe Husetowski, 66 ans, dont les parents sont morts en déportation.

Michel Slitinsky, porte-parole des parties civiles au procès Papon, a souhaité qu'au moment de obsèques, "il y ait préalablement une déclaration officielle des autorités indiquant que Papon a bien été déchu et qu'il n'est pas question de revenir dessus".

Michel Zaoui, avocat de certaines victimes, a en revanche moqué une "pauvre tentative de revanche post mortem".

"Si sa famille ou son avocat décident de mettre sa légion d'honneur dans son cercueil, ça m'indiffère. Ce qui est inadmissible c'est de le faire savoir, d'essayer d'en faire un événement, un acte politique", a-t-il dit.

En 2004 et en 2005 en appel, Maurice Papon avait été condamné à 2.500 euros d'amende pour port illégal de sa décoration, qui apparaissait sur une photo dans Le Point.

L'ordre de la Légion d'honneur a été créé le 19 mai 1802 par Napoléon, pour créer "la base d'une nouvelle société au service de la Nation", disent les textes officiels.

Par ailleurs, Jean-Louis Castagnède, qui avait présidé la cour ayant condamné Maurice Papon en 1998, est mort à 61 ans dans la nuit de samedi à dimanche, peu après lui, d'une rupture d'anévrisme, a-t-on appris à la Cour de cassation.

La mort de ce magistrat, qui était depuis 2003 conseiller à la chambre criminelle de la Cour de cassation, n'a pas de lien avec celle de Maurice Papon, car il se trouvait entre la vie et la mort depuis plusieurs jours déjà, a-t-on précisé

Sunday, February 18, 2007

Pas le cas Papon, l’exemple Papon !

Pas le cas Papon, l’exemple Papon !
18 février 2007 - Par Stéphane Juffa © Metula News Agency

Le criminel de guerre fasciste Papon, devenu préfet de De Gaulle, et ministre de Giscard D’Estaing
Il a collectionné la Francisque et la Légion d’Honneur


Maurice Papon est mort hier, à l’âge de 96 ans, libre, dans une clinique de Seine-et-Marne. La candidate communiste à l’élection présidentielle française, Marie-George Buffet, a commenté l’évènement ainsi : "(…) Si tardivement condamné pour ses crimes contre l’humanité, il aura bénéficié jusqu’à sa mort d’un traitement de faveur.".



Il existe divers angles par lesquels il est possible de considérer l’existence du personnage Papon. La plupart des commentateurs français se limitent aujourd’hui à décrire ses crimes sous le régime nazi et les aléas de son procès pour "complicité de crimes contre l’humanité", reconnaissant son active participation dans l’organisation de huit convois de la mort. Quelque 1 690 personnes, juives dans leur écrasante majorité, dont 250 enfants, ont ainsi connu les camps d’extermination du fait de l’œuvre de ce haut fonctionnaire français.



Beaucoup moins nombreux sont les confrères de l’Hexagone qui s’attardent ce dimanche à relever ce qui, de Métula, nous semble cependant encore plus problématique : Papon a poursuivi sa carrière, en mode crescendo, après la libération, jusqu’à se voir remettre, le 12 juillet 1961, les insignes de commandeur de la Légion d’Honneur des mains du général De Gaulle.



Il sera par deux fois élu député, du Cher, et de Saint-Armand-Montron, occupant ce dernier siège jusqu’en 1983. Il aura également été trésorier de l’UDF-RPR gaullien. Mais c’est en 1978 que ce criminel de guerre atteindra l’apogée de sa carrière politique, en devenant ministre du Budget sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing, alors que Raymond Barre occupait Matignon.



La capacité de faire carrière au cœur de l’Etat vichyste, puis de la poursuivre, sans intermède, dans le système gaulliste et post-gaulliste, se doivent de surprendre. L’identification de cette apparente incongruité, agrégée aux difficultés juridiques énormes qu’il y a eu pour traduire tardivement Papon en justice, et à l’impossibilité, due à son état de santé, de le voir purger en totalité sa peine de 10 ans de réclusion, ajoutent à la symptomatologie du cas Papon en France.



L’analyse de ce cas démontre, à ceux qui ne craignent pas de regarder la vérité en face, que les frontières entre le régime inféodé à l’Allemagne hitlérienne et ceux ayant suivi la libération de la France par les forces anglo-américaines n’ont jamais été aussi nettement tracées que certains veulent le faire croire.



Le cursus de Papon était connu du sommet de l’establishment, mais cela ne l’a nullement gêné d’intégrer dans ses rangs cet auteur de crimes contre l’humanité et, en particulier, contre la minorité juive de ladite humanité.



Cette méprisable collaboration a débuté lorsque le criminel de guerre, à la libération, fut nommé "directeur du commissariat de la République pour la région bordelaise". Il s’agissait du titre attribué à ceux qui remplaçaient les préfets de Vichy. De Gaulle le confirmera à ce poste, l’intronisant même préfet des Landes. Puis l’organisateur de convois pour Auschwitz sera fait préfet de Corse, de Constantine et, en 1954, Secrétaire général du protectorat du Maroc.





Le criminel de guerre fasciste Papon, devenu préfet de De Gaulle, et ministre de Giscard D’Estaing
Il a collectionné la Francisque et la Légion d’Honneur
Ici, en 1958, lors de sa nomination de préfet de police de Paris


Non content de se servir de l’expérience administrative de Papon, le "nouveau régime" et le Général font également appel aux méthodes que Papon avait développées dans son traitement de la question juive durant la guerre. Trois mois après avoir épinglé la Légion d’Honneur sur son uniforme – il est depuis 1958 préfet de police de Paris – c’est Papon qui se charge de réprimer, le 17 octobre 1961, (voir notre article : Il n’y a pas génocides et génocides) une manifestation pacifique d’ouvriers algériens au centre de Paris. Le traitement de ces désordres par la police française, sous les ordres du criminel de guerre pétainiste, fera plus de 600 morts. Il procède sans aucun doute des mêmes méthodes barbares que celles qui étaient prisées par la Gestapo et ses séides français : des manifestants, des mineurs parmi eux, sont précipités dans la Seine du haut des ponts. D’autres sont passés par les armes sur les pavés de la capitale ; d’autres, encore, sont liquidés au sein des centres de détention de la police.



Aucun fonctionnaire – et Papon n’a pas exécuté six cents personnes tout seul ! - ne sera poursuivi pour ce massacre. De plus, ce qui n’avait aucune chance d’échapper à notre attention, c’est déjà l’unanimisme de la presse tricolore au lendemain du carnage : le Figaro rendait grâce, en gros titres, "à la vigilance, à la prompte action de la police". Le Monde et La Croix reprenaient la version officielle, faisant état de "3 morts, 55 blessés", et de "policiers" qui "se sont défendus face à des manifestants agressifs et armés…". Seuls Libération et l’Humanité ne marchent pas dans la combine, se gardant cependant de faire entendre des critiques, par crainte de la censure gaulliste et par peur de voir leur édition saisie.



On ne va certes pas sombrer dans l’amalgame facile consistant à comparer la docilité des media français face aux intérêts supérieurs de leur establishment en 1961 à ce qu’elle est de nos jours. Mais on ne va pas non plus tomber dans le cas de cécité contraire : il existe des réflexes corporatistes et des réseaux pouvoir-presse qui sévissent en France depuis longtemps. Ils permettent toujours d’orienter l’opinion publique sur des affaires d’Etat, voire de les passer sous silence, comme dans le cas de la participation du gouvernement et de l’armée français au génocide des Tutsis ainsi que dans celui du boycott général des informations de la Ména et de la diabolisation de notre agence au sujet de l’imposture de France 2 lors de l’Affaire A-Dura.



L’unanimisme est affaire de temps et de relations, il n’aurait pas pu naître spécifiquement pour dénaturer des objets précis.



Il n’existe aucun doute sérieux quant au fait que les dirigeants politiques et les rédactions du Monde, du Figaro, de La Croix, etc. savaient, en octobre 1961, avant cette date et après elle, qu’un collabo de l’hitlérisme dirigeait la police de Paris. Ni que Papon s’était illustré en envoyant des enfants juifs à Auschwitz !



Au lendemain de la mort de ce salopard, il y a plus de questions qui restent posées que de réponses que les Français ont reçues. Ce qui est certain, c’est que le problème ne réside pas autour du destin d’un homme, ni même de quelques-uns. C’est l’histoire du passage de la collaboration active avec un système qui gaza, entre autres crimes, 6 millions de Juifs, et les questionnements concernant la construction des élites politico-médiatiques actuelles françaises.



D’autant que l’on parle largement des mêmes hommes et des mêmes familles. De ceux, comme François Mitterrand et Jean Védrine – le père d’Hubert Védrine, ex-ministre des Affaires Etrangères – qui ont reçu la Francisque du Maréchal Pétain. Qui provenaient tant et tellement du même moule, qu’"après quarante-huit heures", de rencontre, "nous étions amis et même complices", pouvait confier Jean Védrine à Pierre Péan à propos de Mitterrand.



On peut également parler de René Bousquet, ami et protégé de Mitterrand, qui fut Secrétaire général à la police de l’occupation et, à ce titre, responsable de la déportation de dizaines de milliers d’Israélites. Bousquet, qui échappa au peloton d’exécution sur des considérations obscures et qui, lui aussi, fit une carrière éblouissante durant les ères gaullienne et mitterrandienne.



Assurément, à l’instar de Papon, tous ces autres ont été maréchalistes. Ils l’ont été suffisamment bien et suffisamment longtemps pour mériter la décoration supérieure de la France qui collaborait avec l’hitlérisme. Comme ils le prétendent pour la plupart, encore à l’instar de Papon, à un moment ou un autre, ils ont probablement eu des contacts avec la résistance.



Certains ont carrément basculé des occupations officielles qu’ils remplissaient pour Vichy à la résistance active, nous n’avons aucune raison d’en douter. Mais la guerre était déjà vieille, il y avait eu Stalingrad, les Allemands n’étaient plus invincibles et dès lors la victoire du monde contre l’immonde devenait prévisible.









Feu le président François Mitterrand recevant la Francisque des mains de feu le Maréchal Philippe Pétain



Qui par opportunisme ? Qui par conviction ? Qui pour sauver sa carrière ? Qui pour sauver sa peau ? Et cela suffit-il ? Je veux dire, suffit-il de basculer du fascisme vers autre chose pour en sortir propre ? Devant quelle instance ? Dans quelle démocratie ? Est-il seulement envisageable de permettre à un homme qui a servi Pétain de devenir président de la République ?



La carrière de Maurice Papon montre en tous cas que les réseaux qui existaient avant le second conflit mondial ont traversé l’hitlérisme et le pétainisme pour se perpétuer ensuite. Sans cela, Papon ne serait pas devenu préfet de police de Paris ni ministre de Giscard d’Estaing (dont le père, Edmond Giscard d'Estaing, était lui aussi titulaire de la Francisque). Quant à savoir si une certaine façon de concevoir les Juifs dans ces milieux ainsi que la tentative de les exterminer, n’ont pas, elles aussi, traversé ce qui, pour les "certains" dont je parle, n’a effectivement été qu’une péripétie de l’Histoire, on ne possède aucune bonne raison de l’exclure.



Devant leur capacité à recevoir des dessous de table de Saddam Hussein pour la vente de leur âme et de la bombe atomique ; devant le peu de cas qu’ils font lorsque Ahmadinejad promet de nous exterminer et que le Hamas met la main à la pâte ; devant leur manière de se liguer pour empêcher que la France sache que les Juifs n’ont pas tiré sur Mohamed A-Dura, on peut garder cette interrogation grande ouverte.



Papon est mort. Il ne faut surtout pas laisser ce mort faire désormais office de bouc émissaire.

Michel Slitinsky n'oublie pas les 225 enfants déportés

Michel Slitinsky n'oublie pas les 225 enfants déportés
[17/02/2007 - 22:07]

BORDEAUX (Reuters) - Michel Slitinsky, porte-parole des parties civiles au procès de Maurice Papon, a mis en avant la "responsabilité" de l'ancien fonctionnaire du régime de Vichy dans la déportation de 225 enfants, samedi après l'annonce de son décès.

Michel Slitinsky, âgé aujourd'hui de 82 ans, fut à l'origine de la mise à disposition de la justice des premiers documents ayant permis de poursuivre Maurice Papon.

"C'est un événement auquel on était préparé. On gardera toujours en tête sa responsabilité à l'égard des familles qu'il a fait déporter. Un chiffre me vient en tête: 1.660 personnes dont 225 enfants partis dans les trains depuis Bordeaux", a déclaré Michel Slitinsky à Reuters.

"On ne peut pas oublier les enfants. A leur égard, il aurait pu faire un geste, c'est à dire éviter de les jeter dans les bras des pourvoyeurs des camps et surtout faire glisser les listes au fond de ses tiroirs", a ajouté celui dont le père, le frère et la tante sont morts à Auschwitz, en Pologne.

Lui-même n'a pas connu les camps : il avait réussi à échapper aux policiers français qui étaient venus l'arrêter dans la nuit du 19 octobre 1942. Il était ensuite entré dans la clandestinité, puis dans la résistance.

Pour Michel Slitinsky, qui n'a eu de cesse de voir Maurice Papon condamné, "la cour d'assises a fait la démonstration qu'il avait pris des responsabilités très graves à l'égard d'une communauté. Il a prétendu qu'il n'était pas antisémite mais le résultat était le même. En définitive, il a voulu se dérober, il n'a pas reconnu le jugement et a voulu s'exonérer de tous les maux".

Près de neuf ans après la condamnation de l'ancien secrétaire général de la préfecture de la Gironde, Michel Slitinsky regrette que d'autres n'aient pas été poursuivis.

"Si Papon a été poursuivi, souligne-t-il, on a laissé 44 autres haut fonctionnaires selon les archives allemandes qui ont fait le même travail que lui et ont été de fidèles collaborateurs des Allemands".

"Moi, j'aurais souhaité qu'il y ait d'autres Slitinsky pour les poursuivre dans les autres villes de France", a-t-il dit.

DECES ANECDOTIQUE

Arno Klarsfeld, avocat de 33 parties civiles au procès de Maurice Papon, a qualifié samedi d'"anecdotique" le décès de l'ancien secrétaire général de la préfecture de la Gironde.

"Sa mort est anecdotique. Depuis sa condamnation le 2 avril 1998, Maurice Papon est sorti de l'histoire et est entré dans la vie d'un homme âgé qui est mort à 96 ans. C'est sa longévité qui est exceptionnelle", a indiqué à Reuters Arno Klarsfeld.

Pour l'avocat, "la page a été tournée après sa condamnation. Tout le reste n'a été que péripéties et sa mort en est une de plus".

Me Klarsfeld a rappelé que lors du procès, il avait plaidé pour "une peine juste". Il avait plaidé pour une gradation des peines. Son père Serge Klarsfeld, président de l'association "Les fils et filles des déportés juifs de France", bien que n'ayant pas plaidé hors du procès, avait soutenu son fils dans cette démarche.

"En condamnant Papon à dix ans de réclusion, les jurés ont voulu voir les choses avec équité en tenant compte des responsabilités de Papon, ce que mon père et moi-même étions les seuls à soutenir puisque la défense voulait l'acquittement et les autres avocats des parties civiles la perpétuité", a rappelé Arno Klarsfeld.

qui était maurice papon

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Maurice Papon, symbole de Vichy, est mort

Le passé de l'ex-haut responsable de Vichy l'avait rattrapé [Keystone]17.02.2007 21:49
Maurice Papon est mort samedi après-midi à l'âge de 96 ans dans une clinique près de Paris, a indiqué une source policière. Il a été le seul responsable du régime de Vichy condamné pour son rôle dans la déportation des juifs.

Condamné en 1998 à dix ans de réclusion, en fuite en 1999, il a été incarcéré pendant près de trois ans avant d'être remis en liberté en raison de son état de santé.

Il résidait depuis dans sa ville natale en grande banlieue parisienne, où il était suivi pour des problèmes cardiaques.
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RSR - La réaction d'Arno Klarsfeld - 18 février, Journal de 12h30 [01:27 min.]
Insuffisance cardiaque
Maurice Papon avait été hospitalisé le jeudi 8 février pour une insuffisance cardiaque et avait subi une intervention chirurgicale mardi dernier. "Maurice Papon est mort samedi 17 janvier 2007 à 16 heures", a précisé son avocat, soulignant que "l'ancien ministre n'a jamais accepté sa condamnation du 2 avril 1998 par la Cour d'assises de Bordeaux" (sud-ouest).

Tour à tour serviteur du régime de Vichy et de Charles de Gaulle, ministre sous Giscard d'Estaing, Maurice Papon avait connu un brillant parcours de haut fonctionnaire avant d'être rattrapé par son passé sous l'Occupation.

Né le 3 septembre 1910 à Gretz-Armainvilliers (Seine-et-Marne), Maurice Papon avait effectué à Paris un cursus universitaire des plus classiques -licence de droit, Institut des sciences politiques, certificat de psychologie et de sociologie- qui l'a conduit à des responsabilités dans la haute fonction publique.
Chargé des questions juives, il passe à la Résistance
Après avoir réintégré le ministère de l'Intérieur à Vichy, il est nommé, en juin 1942, secrétaire général de la préfecture de la Gironde, chargé des questions juives, sous l'autorité de Maurice Sabatier. Maurice Papon est un fonctionnaire jugé efficace et digne de confiance par l'occupant nazi.

Début 1943, alors que le sort des armes bascule, Papon assure avoir rendu des services à la Résistance et avoir fait libérer des juifs, affirmation qui ne pourra jamais être authentifiée malgré les témoignages de plusieurs anciens résistants en sa faveur.

Il affirme avoir alors rayé "plus de 200 noms" du fichier juif tenu méticuleusement à jour par la préfecture. La Libération donne un nouveau coup de fouet à sa carrière: en août 1944, il est promu directeur de cabinet de Gaston Cusin, commissaire de la République de Bordeaux.
Nouveau crime en 1961
Préfet de Corse en 1947, puis de Constantine (Algérie) en 1949, secrétaire général du résident général au Maroc en 1954, il sera nommé Préfet de police de Paris en mars 1958, poste qu'il occupera jusqu'en janvier 1967.

Ce passage dans la capitale sera marqué par une nouvelle polémique historique. Le 17 octobre 1961, plusieurs dizaines d'Algériens - 200 selon des rapports établis par des historiens - sont tués et jetés dans la Seine, un crime qui ne sera là aussi reconnu que quarante années plus tard.
Ministre en 1978
La carrière politique de Maurice Papon atteint son apogée avec son entrée en 1978 dans le second gouvernement de Raymond Barre, en qualité de ministre du Budget. Portefeuille qu'il occupera jusqu'à l'élection de François Mitterrand en mai 1981.

Le parcours, jusque-là sans faute, de ce grand commis de l'Etat connaîtra un premier accroc avec la publication, entre les deux tours de l'élection présidentielle, d'un article du "Canard Enchaîné" qui dénonce son rôle "d'aide de camps" sous l'Occupation. Des révélations qui mettront en branle une longue, très longue, procédure judiciaire: entre les premières plaintes contre Maurice Papon et le procès, il s'écoulera près de dix-sept ans.

agences/het

l'héritage de pierre mendés-france

Analyse
Pierre Mendès France en héritage, par Bertrand Le Gendre
LE MONDE | 17.02.07 | 13h21 • Mis à jour le 17.02.07 | 13h31
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ierre Mendès France aurait eu cent ans le 11 janvier : c'est l'occasion de s'interroger sur l'héritage de l'ancien président du conseil (1954-1955). Héritage politique et intellectuel, spirituel aussi. Le culte dont il est l'objet est toujours vivace, comme l'a montré le colloque "Pierre Mendès France le juste", qui a réuni récemment au Sénat ses proches, des historiens et d'anciens collaborateurs. "Nous sommes tous des mendésistes", leur a dit Michel Dreyfus-Schmidt, sénateur socialiste du Territoire de Belfort, en les accueillant.


Le Mendès des uns n'est pas forcément celui des autres. C'est la première famille de "PMF" qui veille aujourd'hui sur l'héritage, en insistant sur les lointaines racines familiales.

Pierre Mendès France avait eu deux fils de son premier mariage avec Lily Cicurel en 1933 : Bernard (1934-1991), et Michel, qui préside aujourd'hui l'Institut Pierre-Mendès-France, après la disparition en 2004 de Marie-Claire Servan-Schreiber, que l'ancien président du conseil avait épousée en 1971. L'Institut, hébergé par le Collège de France au 3, rue d'Ulm à Paris (5e), a pour secrétaire général Tristan Mendès France, le fils de Michel. Il tient sur Internet un "vidéoblog" consacré à la mémoire de son grand-père (www.mendes-france.fr). Ces racines familiales ont été longuement évoquées lors du colloque au Sénat, organisé par l'Institut Pierre-Mendès-France.

"PMF" était très curieux de ses ancêtres. Toute sa vie, il a collecté des documents les concernant. Le fruit de ses recherches, menées avec une méticulosité de chartiste, occupe plus de quarante cartons annotés de sa main, conservés aujourd'hui à l'Alliance israélite universelle (45, rue La-Bruyère à Paris, 9e).

Parmi d'autres épisodes, ils relatent l'histoire de l'aïeul portugais de "PMF", Luiz Mendès de Franca, un marchand d'étoffes converti au catholicisme qui fut arrêté en 1683 par l'Inquisition. Soumis à la question, il dut avouer qu'il n'avait pas renoncé au judaïsme, avant de livrer le nom d'une trentaine de ses proches soupçonnés du même "crime". Réfugié en France, il mit fin à ses jours à Bordeaux, en 1694. C'est là que sa lignée fit souche sous le nom francisé de Mendès France, avant de s'établir à Paris à la fin du XIXe siècle.

Une exposition organisée jusqu'au 1er mars à la bibliothèque de l'Alliance israélite universelle montre les documents que Mendès France avait patiemment rassemblés sur ses origines ainsi que des objets lui ayant appartenu. Un livre récent, Le"Juif" Mendès France (Calmann-Lévy, 370 p., 21,50 €), de l'avocat bordelais Gérard Boulanger, traite lui aussi de ce sujet et de l'antisémitisme qui fut le lot de "PMF". Pas français, le "juif Mendès" ? Cette accusation, il l'entendra souvent ; d'où sa passion pour la généalogie.

Cette accusation de ne pas être français est au coeur du procès que lui intente, en 1940, le régime de Vichy. Le chef d'inculpation est fantaisiste : désertion. Mais le tribunal militaire de Clermont-Ferrand, celui-là même qui a condamné de Gaulle à mort, s'en prend à la personne du lieutenant Mendès France, ancien ministre de Blum, aux origines "impures", une nouvelle proie qu'il ne lâchera pas.

Ce procès en sorcellerie a tout de l'Inquisition, a fait observer le magistrat Denis Salas. Un procès où, d'avance, " tout acquittement est prohibé", selon l'expression de Me Georges Kiejman. Mais le descendant de Luiz de Franca sut garder la tête haute. Condamné à six ans d'emprisonnement, il s'évada et gagna Londres via le Portugal, la terre de ses ancêtres, l'honneur de son nom intact.

Auteur d'un livre minutieux sur ce procès (Un tribunal au garde-à-vous, Fayard, 2002), Me Jean-Denis Bredin a rappelé l'interminable combat que Mendès France dut mener pour obtenir la cassation de son procès, qui n'intervint qu'en avril 1954. Le 18 juin de la même année, Pierre Mendès France est investi président du conseil. Il gouverna la France sept mois et dix-sept jours, le temps de faire la paix en Indochine et d'accorder l'autonomie interne à la Tunisie.

Pour parler de Pierre Mendès France le décolonisateur, deux de ses biographes avaient été invités : Jean Lacouture (Pierre Mendès France, Le Seuil, 1981) et Eric Roussel, auteur d'un ouvrage plus récent, Pierre Mendès France (Gallimard, 608 p., 29 €).


L'ALGÉRIE, C'EST LA FRANCE


S'il est facile de s'accorder sur le courage et la lucidité de "PMF" dans ces moments décisifs, sa réaction au lendemain de l'insurrection algérienne du 1er novembre 1954 prête à controverse : "Les départements d'Algérie constituent une partie de la République française (...). Jamais la France (...) ne cédera sur ce principe fondamental." Tel fut le premier mouvement du président du conseil.

L'historien Benjamin Stora est enclin à absoudre Mendès France de ce faux pas. La conviction que l'Algérie et la France ne faisaient qu'une était très répandue à l'époque, a-t-il expliqué. Jean Lacouture en veut pour preuve les articles que Le Monde publia immédiatement après l'insurrection, dans le même ton. Il n'empêche. La perspicacité légendaire de Mendès avait été prise en défaut. Si Pierre Mendès France a laissé une trace dans l'histoire, à l'égal du général de Gaulle et de François Mitterrand, a dit Jean Daniel, ce n'est pas à l'Algérie qu'il le doit mais à sa foi dans la démocratie.

Faisant allusion à la candidate socialiste Ségolène Royal, le directeur du Nouvel Observateur s'est demandé ce qu'aurait pensé l'auteur de La République moderne (Gallimard, 1962) du débat qui s'est installé dans la campagne sur les vertus respectives de la démocratie participative et de la démocratie représentative. Pierre Mendès France, a-t-il expliqué, se faisait une haute idée de la fonction d'élu. Il voyait dans les représentants du peuple des citoyens plus réfléchis que les autres, sacralisés par l'onction du suffrage universel. A charge pour eux d'informer les électeurs de ce qu'ils comptent faire, sans leur cacher les difficultés, et de respecter leurs engagements. Dans le cas contraire, la parole doit revenir au peuple car nul n'est propriétaire de son mandat.

Ce sage principe valait pour la IVe République, laquelle le foulait aux pieds. Il vaut bien sûr pour aujourd'hui. Ce qu'il faut retenir de l'héritage de Pierre Mendès France, a dit Stéphane Hessel qui fut son collaborateur à la présidence du conseil, c'est sa faculté à inspirer confiance au peuple. Les jeunes d'aujourd'hui, a-t-il conclu, ne peuvent qu'être sensibles à ce message, eux qui doutent tant de leurs élus.