Wednesday, March 21, 2007

un enseignant poursuivi pour avoir dénoncé un tract antijuif

Royal et Bayrou, duo bien-pensant

Ivan Rioufol (irioufol@lefigaro.fr).

Publié le 16 mars 2007

Actualisé le 16 mars 2007 : 09h12



Le bloc-notes d'Ivan Rioufol



Oui, Ségolène Royal et François Bayrou se ressemblent. Même autocontentement, même légèreté, même conformisme. Répliquant à Nicolas Sarkozy et à son projet de ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale, elle s'est offusquée de « l'amalgame assez ignoble », tandis qu'il a vu, dans l'exhortation de Jacques Chirac, dimanche soir, à ne « composer jamais avec l'extrémisme », un « rappel à l'ordre » destiné à son présumé dauphin. Impeccable bien-pensisme.



Le problème est que les deux anciens « ouistes » s'entêtent à ne rien voir du malaise existentiel qui ronge le peuple. Leur refus de concevoir que l'arrivée massive de populations majoritairement musulmanes puisse avoir une incidence, dans trente ans, sur une nation de culture judéo-chrétienne, montre leur aveuglement. Émettre une réserve sur l'immigration serait parler comme Jean-Marie Le Pen. Toujours ce vieux disque rayé.



Un ministère de l'Intégration serait, sans doute, plus adéquat. Mais Sarkozy a raison de mettre l'identité au centre des débats. L'indifférence qu'elle suscite chez les élites a conforté la défiance des gens pour la politique. Dans la France métissée chantée par Royal, le Blanc n'a plus de place : est-ce cela, l'antiracisme ? Quant au respect de l'autre, récité par Bayrou, il ne peut être exigé du seul pays d'accueil.



Lorsque le mouvement Les Indigènes de la République assure : « Nous sommes ici chez nous, que l'on ait ou non la nationalité française, sans obligation de se fondre dans une quelconque identité majoritaire », faut-il que la France s'excuse et s'efface ? « J'y suis, j'y reste », affichent des mouvements de sans-papier. Mais leurs pays d'origine n'accepteraient pas une telle prétention d'Occidentaux à s'installer chez eux. La France n'est pas respectée, car elle ne se respecte plus.



Un élu communiste, André Gerin, député maire de Vénissieux, l'écrit cette semaine (Les Ghettos de la République, Éditions les quatre chemins) : « Ce qui m'inquiète à présent : tout ce qui est républicain est contesté et un sentiment anti-France se développe. » Il dit aussi : « Sont perceptibles les germes d'une guerre civile, je n'exagère pas. » Nos nombrilistes n'entendront pas. Mais serait-il interdit de tenter de prévenir le désastre qui vient ?



Le temps des exigences



N'en déplaise à Ségolène Royal et François Bayrou, l'identité française est menacée, et gravement. Menacée par l'école, qui a renoncé à transmettre une culture commune, alors même que le christianisme recule et que l'autorité de l'État vacille en se pliant aux repentances et autoflagellations exigées des minorités. Menacée par une immigration invitée, cette fois, à garder ses codes et ses moeurs, au nom de la diversité et du multiculturalisme, ce poison défendu par Jacques Chirac en 2003 (bloc-notes du 1/12/06).



Dans son remarquable discours de Caen, vendredi, Nicolas Sarkozy a fermé la porte à ce communautarisme dont on lui faisait procès : « La France c'est un art, c'est une culture, c'est une manière d'être et de penser. La France c'est la pensée claire, c'est la raison, c'est l'esprit des Lumières. C'est aussi deux mille ans de christianisme, deux mille ans de civilisation chrétienne. » Ce pays-là est ouvert à tous, pourvu d'en partager sa langue, son histoire et ses valeurs, comme l'ont fait, hier, tous les immigrés européens et, aujourd'hui, nombre de Maghrébins, Africains ou Turcs.



Or, quand Royal assure qu'elle « ne veut plus entendre parler d'intégration », dit ne pas se reconnaître dans la France des croisades et de l'Ancien Régime, flatte la rappeuse Diam's qui dénigre la « France profonde », elle participe au séparatisme ethnique. Sa vision d'une identité reposant sur « l'actualisation de l'idée de nation » invite à la surenchère des mémoires. Le choix de Bayrou de ne pas contrarier les cités, qui l'ont acclamé mardi, le pousse aux mêmes renoncements. Ils lui ont fait oublier, à Épinay-sur-Seine, d'évoquer Jean-Claude Irvoas, lynché en 2005.



Tous deux expliquent tenir aux banlieues un discours d'apaisement. Mais ce mot vient toujours justifier les capitulations. La France est en droit d'attendre l'allégeance à un code commun, si elle veut éviter la désintégration de l'Etat-nation. « Elle doit exiger qu'on em-brasse son éthique », disait Élie Barnavi, ancien ambassadeur d'Israël en France. C'est de cela qu'invite à débattre Sarkozy. Si Royal et Bayrou n'ont rien à dire, les électeurs pourraient s'en souvenir.



Intellectuels attendus



L'audace prêtée à Sarkozy est d'ailleurs à relativiser, tant la question identitaire habite les gens. Ce tabou est régulièrement traité ici même. Le choix du candidat de ne jamais citer l'islam dans son discours de Caen, qui lui était en partie consacré, a montré une réticence à parler trop clair. Son exclusion des clandestins du droit au logement opposable est bien la moindre des choses. Bref, ces indices modèrent sa détermination à affronter le politiquement correct. Il n'empêche : en donnant aux « valeurs non négociables » un premier contenu (l'héritage des Lumières, la démocratie, la laïcité, l'égalité homme-femme), Sarkozy ouvre une salutaire réflexion sur nous-mêmes. Les intellectuels, à droite comme à gauche, sont attendus.



Enseignant poursuivi



Christian Belmer, enseignant, a été suspendu de ses fonctions pour quatre mois, placé en garde à vue, poursuivi par son proviseur le 24 avril devant la justice du Havre, pour avoir notamment écrit sur un blog, sous un nom d'emprunt, une critique d'un tract en faveur de la Palestine distribué auprès des professeurs de son lycée : « C'est donc au sein même de l'Éducation nationale que l'idéologie anti-occidentale, pro-arabe et donc anti-judaïque s'exprime de la façon la plus ouverte et violente. » Où est le délit ?

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