Friday, April 27, 2007

lettre acip texte et photo liviu librescu

Le corps du Professeur Liviu Librescu, un survivant roumain de la Shoah qui a été tué lors de la tuerie de l’Université américaine Virginia Tech, a été enterré en Israël. Yossel Kranz, un rabbin du mouvement habad de Richmond, a aidé à prendre des mesures de rapatriement. Librescu avait vécu en Israël à la fin des années 1970 et dans les années 1980. Kranz en prit l'initiative mardi en communiquant les exigences de la tradition juive au médecin légiste, en demandant qu'aucune autopsie ne soit exécutée et que le corps puisse être enterré aussi rapidement que possible.

"Nous étions là dans le contrôle de la chambre et pour observer et nous assurer que tout avait été fait correctement et que le corps entier serait rendu pour l'enterrement" a dit Kranz à l’Agence Télégraphique Juive. Kranz, dont la maison à Richmond est à 3 heures ½ du campus de Virginia Tech à Blacksburg, a aidé des étudiants juifs et non-juifs toujours traumatisés par les meurtres de lundi, qui ont pris 32 vies ainsi que le tueur. Ce fut les coups de feu les plus mortels de l'histoire américaine.

Wednesday, April 25, 2007

le futur appartement de jacques chirac

Les Chirac déménagent bien
quai Voltaire

NOUVELOBS.COM | 25.04.2007 | 13:36

3 réactions



Le président de la République et son épouse s'installeront "provisoirement", après leur départ de l'Elysée, dans un appartement prêté par l'un des fils de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri.





Le 3, quai Voltaire, dans le VIIe arrondissement de Paris
Comme l'affirmait Le Parisien mardi 24 avril, Jacques et Bernadette Chirac vont s'installer dans un des quartiers les plus selects de Paris, quai Voltaire, dans le VIIème arrondissement, mais ce n'est qu'à titre "très provisoire", dans un appartement prêté par un des fils de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, a-t-on indiqué mardi dans l'entourage du chef de l'Etat.
Jacques Chirac est un ami très proche de la famille Hariri, assassiné dans un attentat à Beyrouth en février 2005.

"Très provisoire"

"Compte tenu des obligations qui sont les leurs, M. et Mme Chirac n'ont pas encore eu le temps de trouver leur logement. Ils occuperont à titre très provisoire un appartement quai Voltaire qui leur est prêté par M. Ayman Hariri, le temps de trouver leur domicile définitif", a-t-on déclaré dans l'entourage de Jacques Chirac.
On précise de même source que "ce domicile définitif ne sera en aucun cas à la charge de l'Etat".
Ayman Hariri est un des cinq enfants de Rafic Hariri. Il est frère cadet de Saad Hariri, chef de la majorité parlementaire libanaise anti-syrienne. Le journal Le Parisien avait révélé mardi que le couple présidentiel avait trouvé un duplex de 180 m2 sur les quais de la Seine, rive gauche, un quartier très chic de la capitale. Jacques et Bernadette Chirac doivent s'y installer après leur départ de l'Elysée, le 16 mai.

Aménagement

Selon le journal, Bernadette Chirac a été vue faire plusieurs aller-retours quotidiens pour surveiller l'aménagement de cet appartement qui donne sur une cour intérieure pavée.
Le Parisien avait affirmé que des employés de l'Elysée déchargeaient des cartons, des objets d'art africains ou encore des caisses de vins millésimés.
Jacques et Bernadette Chirac vivent pratiquement sans interruption depuis 1974 dans les palais de la République (Matignon, Hôtel de Ville, Elysée).
Jacques Chirac disposera en outre d'un bureau - attribué aux anciens présidents de la République et payé par l'Etat - ainsi que d'un autre bureau qui abritera la Fondation dédiée au dialogue des cultures, à la solidarité et à l'écologie et qu'il devrait mettre sur pied au cours de l'été.

Monday, April 23, 2007

Profanation du mémorial de la Shoah à Berlin

Profanation du mémorial de la Shoah à Berlin
23/04/07




- - Thème: Antisémitisme




Des vandales ont peint une croix gammée en rouge sur le monument à la mémoire des victimes juives de la shoah à Berlin, rapporte Haaretz. Ce monument, situé Levetzowstrasse, se trouve sur l’emplacement d’une ancienne synagogue, où étaient regroupés les juifs avant leur déportation dans les camps de concentration. D’autres croix gammées ont également été trouvées près de la plaque du mémorial.

Un automobiliste fonce sur deux jeunes portant une kippa

Un automobiliste fonce sur deux jeunes portant une kippa
23/04/07




- - Thème: Antisémitisme




Un automobiliste a été mis en examen à Lyon, vendredi 20 avril, pour « violence avec arme pour motif racial », pour avoir foncé avec sa voiture sur deux jeunes qui portaient des kippas et se dirigeaient vers une synagogue de Villeurbanne, rapporte le Monde. Connu des services de police, le conducteur a reconnu les faits mais nié le caractère raciste. Les deux victimes affirment avoir été agressées verbalement dans un premier temps.

dieudonne avec le pen

Au premier tour des élections, Jean-Marie Le Pen a vu son score s’effondrer avec 10,58 % des voix. A l'espace Equinoxe, où étaient rassemblés ses militants, on pouvait voir Dieudonné. Ce dernier a expliqué être venu "soutenir Jean-Marie, Jany et la famille Le Pen parce qu'ils m'ont soutenu dans des moments difficiles et parce que c'est la seule famille à s'être intéressé au génocide des pygmées et la déforestation".

une rue jacques chirac à ramallah

Bientôt une rue Jacques Chirac à Ramallah

NOUVELOBS.COM | 18.04.2007 | 18:32

53 réactions



Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, veut "remercier ce grand homme pour tout ce qu'il a fait pour le peuple palestinien".






Mahmoud Abbas et Jacques Chirac, le 17 avril 2007 (Reuters)


Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, qui était reçu mardi 17 avril à l'Elysée par son homologue français Jacques Chirac, a annoncé qu'une rue de Ramallah (Cisjordanie) porterait bientôt le nom de son hôte.
"J'ai informé le président Chirac que Mme le maire de Ramallah avait décidé de donner son nom à l'une des rues les plus importantes de la ville", a déclaré Mahmoud Abbas à l'issue d'un entretien d'une heure avec le président français, qui achèvera son second mandat le 17 mai.

Invitation

"J'ai également adressé une invitation à M. le président à faire une visite dans les territoires palestiniens pour qu'il vienne au moment qu'il choisira", a poursuivi Mahmoud Abbas, dont les propos étaient traduits de l'arabe.
Il a encore indiqué que "l'objectif de cette visite était de rencontrer le président Chirac afin de lui exprimer nos remerciements et notre reconnaissance, de remercier ce grand homme pour tout ce qu'il a fait pour le peuple palestinien". (AP)

raz de marée israélien pour nicolas sarkozy

Nicolas Sarkozy a remporté 82. 2% des suffrages exprimés par les Français résidant en Israël à l'occasion du premier tour des élections présidentielles de dimanche, selon les chiffres officiels.

Devant ce raz-de-marée, les adversaires du candidat de l'UMP doivent forcément se contenter des miettes. 8.8% des électeurs -seulement ont ainsi voté pour Ségolène Royal, contre 5.6% à François Bayrou et 1.1% à Jean-Marie Le Pen.

echauffourées à bruxelles

Échauffourées à Belleville
22 avril 2007 - Communiqué du Bureau National de Vigilance Contre l’Antisémitisme

Le Bureau National de Vigilance Contre l’Antisémitisme vient d’être informé d’échauffourées graves qui ont opposé ce jour 22/4/07, vers 13H45, dans le quartier de Belleville à Paris 20°une horde de jeunes d’origine maghrébine à des jeunes juifs, provoquant une grande émotion, notamment lorsque la police qui est intervenue a emmené les deux frères juifs, blessés.


Devant l’affolement la famille a alerté la radio juive au cours de l’antenne ouverte, ce qui a accru l’émotion, et provoqué un grand nombre d’appels au BNVCA.

Selon le père des personnes concernées, le samedi matin 21/4/2007, une jeune femme juive a été prise à partie par des jeunes maghrébins la traitant de « sale feuj »et l’indisposant en lui lançant le ballon avec ils jouaient.

Le jeune juif Didier B.qui venait défendre la jeune fille, aurait été lui aussi insulté et frappé. Il s’est défendu.

Et le lendemain dimanche 22/4/07 à 13H45, les maghrébins reconnaissant devant un café leur antagoniste de la veille, l’ont agressé et s’en sont pris à son frère Hugues qui l’accompagnait. Une bagarre gigantesque s’est déroulée jusqu’à l’arrivée des policiers.

Selon les sources policières, les deux jeunes juifs ont été remis en liberté. Ils envisageraient de déposer plainte pour les injures et les blessures subies.

Selon le père des deux jeunes juifs, un grand nombre de maghrébins seraient venus les menacer de mort.

Nous demandons aux autorités de police de mettre en place une surveillance dans ce quartier parisien, de nature à éviter d’autres affrontements, notamment durant cette période électorale propice à la provocation.

Le Président Sammy GHOZLAN

l'ue salue la chute du f.n.

L'UE salue le recul du FN dans la présidentielle française

11:59 | 23 avril, 2007

L'Allemagne, qui occupe actuellement la présidence tournante de l'Union européenne, a salué lundi 23 avril le fort recul enregistré par le leader du Front national Jean-Marie Le Pen au premier tour de la présidentielle française.

"Je suis très satisfait du fait que les partis extrémistes, comme celui de Le Pen, aient clairement chuté", a déclaré le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier à son arrivée à une réunion avec ses homologues européens.

Steinmeier s'est refusé à tout autre commentaire sur ce scrutin dont le second tour a lieu le 6 mai prochain.

© Jerusalem Post édition française

Sunday, April 22, 2007

jean yves camus ; la banalisation des profanations

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22/04/2007 19:10


PARIS, 22 avr 2007 (AFP) - Trois profanations en un mois: "banalisation invraisemblable" du racisme pour Jean-Yves Camus

Le politologue Jean-Yves Camus, chercheur associé à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), a dénoncé dimanche une "banalisation absolument invraisemblable" du racisme qui conduit à l'existence de "profanateurs ordinaires", après la profanation de tombes juives et musulmanes à trois reprises en moins d'un mois.

- Q: Quelle réflexion vous inspire ces trois profanations de cimetières en France en moins d'un mois ?

- R: Au vu des arrestations après les deux premières profanations, on remarque qu'on a des gens qui font des actes qui ont une connotation raciste ou antisémite affirmée mais qui, en même temps, n'appartiennent pas à un mouvement particulier. Bref, on a l'impression qu'aujourd'hui, le passage à l'acte peut être le fruit de gens qui ne sont pas insérés dans un groupe ce qui prouve une banalisation absolument invraisemblable. On a l'impression qu'on a affaire à des profanateurs ordinaires.

- Q: Ces actes signifient-ils une recrudescence du racisme ?

- R: Il y a toujours un niveau de racisme élevé en France et le sondage qui est annexé à la Commission nationale consultative des Droits de l'Homme pour cette année, rendu public le 21 mars, prouve bien qu'il existe encore un niveau élevé de préjugés racistes à la fois à l'égard des juifs et des musulmans, les gens qui sont d'ailleurs les plus hostiles aux premiers étant également les plus hostiles aux seconds.

Régulièrement dans l'actualité de ces dernières années, il y des questions soit identitaires soit liées aux musulmans ou aux juifs de France qui sont dans l'actualité et qui font qu'il y a un climat tout à fait malsain (...) On a toujours cette espèce de climat qui perdure, depuis le 11 septembre 2001 en ce qui concerne les musulmans et depuis le début de la seconde Intifida pour la question de l'antisémitisme. Outre les profanations, il y a aussi l'agression d'un rabbin gare du Nord et l'automobiliste qui a foncé sur un jeune juif à Villeurbanne...

- Q: Voyez-vous un effet d'entrainement entre ces déprédations ?

- R: Traditionnellement, dans les cas de profanation, il y un effet de série, de chaîne, c'est-à-dire que la médiatisation des profanations donne des idées à des gens qui ne seraient sans doute pas passés à l'acte si quelqu'un d'autre ne l'avait pas fait avant eux.

180 tombes dont 1/4 de juives profanées au Havre

180 tombes profanées dans un cimetière du Havre
Les auteurs se sont d'abord attaqués aux tombes du carré juif, avant de dégrader d'autres sépultures. Cinq jeunes gens ont été interpellés et sont interrogés par la police.
Par Liberation.fr / AFP
LIBERATION.FR : dimanche 22 avril 2007
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Environ 180 tombes, dont un quart de tombes de personnes de confession juive, ont été profanées dans un cimetière du Havre dans la nuit de samedi à dimanche par cinq jeunes qui ont été interpellés.

Les tombes ont été «très fortement dégradées dans le cimetière Sainte-Marie», l’un des plus importants de la ville, a précisé le procureur général près la cour d’appel de Rouen dans un communiqué.

Les cinq jeunes interpellés, dont deux mineurs de 17 ans, «sont activement interrogés» par la police nationale, a-t-il ajouté, en précisant que le parquet «ouvrira une information» judiciaire «dès que les éléments de l’enquête auront été réunis».

Le maire UMP du Havre Antoine Rufenacht s’est rendu sur place dimanche après-midi en compagnie du président du consistoire juif du Havre, Victor Elgressy. «Quels que soient les motifs idéologiques invoqués par les auteurs, ces actes sont intolérables et inqualifiables», a déclaré à l’AFP Victor Elgressy. «C’est un des actes les plus ignominieux que peut faire l’humanité à l’humanité».

Selon lui, les auteurs se sont d’abord attaqués aux tombes du carré juif en dessinant à la peinture noire des croix gammées et des croix celtiques avant de dégrader d’autres sépultures.

Le cimetière Sainte-Marie a été fermé le temps de permettre à la police de procéder aux constatations, a précisé Victor Elgressy. Les familles concernées par ces dégradations doivent être prochainement contactées. «Ces faits graves ont appelé une réponse particulièrement ferme et déterminée du Ministère public, qui continue en l’état à diriger les investigations avec la plus grande attention», a fait savoir le parquet général de Rouen.

Les jeunes interpellés pourraient être poursuivis pour les chefs suivants: «destruction ou dégradation grave du bien d’autrui commise en réunion, violation ou profanation de sépulture, violation ou profanation de sépulture commise en raison de l’appartenance ou de la non-appartenance, vraie ou supposée, des personnes décédées à une ethnie, une nation, une race, ou une religion déterminée».

Cette profanation survient après celle, jeudi, de 52 tombes musulmanes du cimetière militaire Notre-Dame-de Lorette, près d’Arras, pour laquelle trois jeunes gens, motivés par leur idéologie skinhead, ont été interpellés. Dans la nuit du 31 mars au 1er avril, 51 tombes avaient été dégradées dans le carré juif du cimetière de Lille-Sud, un acte pour lequel un homme de 32 ans a été mis en examen et écroué.

un homme mis en examen pour la profanation des tombes juives

Un homme mis en examen pour la profanation de tombes juives


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LILLE (Reuters) - Un homme de 33 ans a été mis en examen et écroué dans la nuit de jeudi à vendredi à Lille pour la profanation d'une cinquantaine de tombes juives dans un cimetière du sud de la ville dans la nuit du 31 mars au 1er avril derniers, apprend-on de source judiciaire.

Ce jeune homme est poursuivi pour "profanation de tombeaux ou de sépultures en raison de l'appartenance à une religion déterminée".

Le mobile raciste est donc officiellement retenu, bien que le procureur l'ait plutôt écarté publiquement lors d'une déclaration à la presse jeudi soir.

Le suspect, arrêté mardi, a été identifié par une trace de sang sur une stèle profanée. Son nom figurait au fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG) en raison de deux condamnations pour dégradations.

Présenté comme un "marginal" par le procureur, il était venu se recueillir sur la tombe d'un membre de sa famille, quand il aurait improvisé son action violente, en état d'ébriété, sans raison précise.

Quarante-neuf stèles de tombes juives avaient été dégradées et deux cassées. Cette profanation avait suscité des réactions indignées dans la classe politique et une condamnation officielle du président Jacques Chirac.

Saturday, April 21, 2007

les 27 de l'europe se dotent d'une législation sur le négationnisme

L'Union européenne se dote d'une législation pour pénaliser le racisme et le négationnisme
Par Fabrice RANDOUX


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LUXEMBOURG (AFP) - Les 27 disposeront bientôt de sanctions pénales communes contre le racisme et le négationnisme, une décision surtout symbolique, car les Etats membres resteront libres de ne l'appliquer que dans des cas limités.

Après cinq ans de discussions, les ministres européens de la Justice sont parvenus jeudi à Luxembourg à un compromis sur une législation visant à lutter contre le racisme et la xénophobie, qui démontre que "l'Europe a des valeurs morales communes" selon le commissaire à la Justice Franco Frattini.


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"C'est un signal politique important", s'est félicitée la ministre allemande de la Justice Brigitte Zypries, dont le pays préside l'UE.

L'Allemagne avait remis ce texte à l'agenda européen "au nom de son devoir historique particulier", après deux échecs en 2003 et 2005.

Le compromis entériné jeudi est un équilibre délicat entre les pays qui refusent toute atteinte à la liberté d'expression (Grande-Bretagne, Irlande, pays nordiques) et ceux qui punissent déjà les discours racistes ou négationnistes (France, Autriche, Allemagne).

Chaque Etat devra ainsi rendre passible d'un à trois ans de prison "l'incitation publique à la violence ou à la haine visant un groupe de personnes ou un membre d'un tel groupe, défini par référence à la race, la couleur, la religion, l'ascendance, l'origine nationale ou ethnique".

Les mêmes sanctions seront appliquées pour "l'apologie publique, la négation ou la banalisation grossière des crimes de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre", tels qu'ils sont définis dans les statuts de la Cour pénale internationale ainsi que dans la charte du tribunal de Nuremberg.

Même s'il n'est pas mentionné tel quel, cela couvre donc l'Holocauste et potentiellement d'autres crimes reconnus par des juridictions internationales (Srebrenica, Rwanda).

Mais un tel comportement ne devra être sanctionné "que s'il est exercé d'une manière qui risque d'inciter à la violence ou à la haine à l'égard d'un groupe de personnes".

Les Etats pourront aussi choisir de ne punir le comportement raciste ou négationniste que s'il est "soit exercé d'une manière qui risque de troubler l'ordre public, soit menaçant, injurieux ou insultant".

Autrement dit, un négationniste pourra continuer à s'exprimer au Royaume-Uni et au Danemark sans risquer grand chose. Alors qu'en France, il continuera à s'exposer à la "loi Gayssot" qui prévoit un an d'emprisonnement pour des propos contestant le génocide juif.

Les efforts d'harmonisation européens dans ce domaine sont "non seulement anti-libéraux, mais absurdes" car "l'UE n'a pas à légiférer sur l'Histoire", a ainsi jugé Graham Watson, leader britannique des eurodéputés centristes, même si le Parlement européen n'a pas voix au chapitre sur ce type de législation.

"Le texte a une portée plus symbolique et politique que juridique", a admis un diplomate français, qui juge néanmoins "important que les 27 aient une plateforme commune contre le racisme".

Le débat a duré plusieurs heures jeudi à cause de la volonté farouche des Etats baltes d'inclure les crimes staliniens dans ce texte, ce que refusaient les autres pays membres dans la mesure où ils n'avaient pas pour principale motivation le racisme et la xénophobie.

Au final, le compromis reconnaît le droit aux Etats de poursuivre nationalement les crimes basés "sur le statut social ou les convictions politiques".

En outre, les 27 ont adopté une déclaration dans laquelle ils déplorent "tous les crimes" commis pour d'autres raisons par des régimes totalitaires.

Enfin, la Commission européenne s'est engagée à organiser une "audition publique européenne" sur les crimes des régimes totalitaires, et si nécessaire étudiera la possibilité de légiférer.

Les Baltes ont cependant indiqué avoir besoin de l'accord de leur Parlement national avant de confirmer leur accord à l'adoption du texte, que les Etats membres auront ensuite deux ans pour transposer.

un rabbin attaqué dans les couloirs de la gare du nord

Un rabbin attaqué dans les couloirs de la gare du Nord
LEMONDE.FR avec AFP | 19.04.07 | 19h23 • Mis à jour le 19.04.07 | 19h51







lie Dahan, un rabbin originaire du Nord-Pas-de-Calais, a été insulté et blessé à l'œil, jeudi 19 avril en fin de matinée, à la gare du Nord alors qu'il était de passage à Paris, a-t-on appris auprès de sources policières.

Hospitalisé à Lariboisière, où il doit être examiné par un traumatologue, M. Dahan a expliqué qu'un homme "de type antillais" l'avait insulté alors qu'il marchait dans les couloirs du métro. "Il m'a regardé et m'a crié 'sale feuj, tu me regardes, je vais te frapper sale feuj'. Et là il m'a donné un grand coup de pied, puis un grand coup de poing dans la foulée, a raconté le rabbin. Puis il s'est enfui."



POUR "FRIMER DEVANT SA COPINE"

"J'ai été surpris par cette agression. Je pense que ce garçon voulait frimer devant sa copine", a-t-il poursuivi. "Avec ma barbe et mon chapeau, il s'est peut-être dit 'en voici un qui n'est pas fort. Voilà un juif auquel on va faire la peau'." D'après lui, la scène s'est déroulée non loin d'une borne d'achat de billets et a dû être enregistrée par une des caméras de surveillance de la RATP. M. Dahan a indiqué avoir déposé plainte auprès du parquet de Paris. La 2e division de la police judiciaire a été chargée de l'enquête.

Charles Sulman, représentant du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) pour le Nord-Pas-de-Calais, a estimé qu"on était dans un climat grave et perturbé". Il s'est inquiété que l'on soit "dans un pays où il est facile de dire qu'on est raciste et antisémite", tout en jugeant que "les hommes politiques n'en parlent pas assez".


Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a déclaré dans un communiqué avoir appris "avec consternation" cette agression qu'il qualifie de "faits insupportables", d'"atteinte aux valeurs de respect et de diversité qui sont au cœur de l'identité parisienne".

un musulman avoue la profanation des tombes juives à lille

Un homme avoue la profanation des tombes juives à Lille, mais nie le motif religieux
LEMONDE.FR avec AFP | 19.04.07 | 20h22 • Mis à jour le 19.04.07 | 20h53







n homme de 33 ans, en garde à vue depuis mardi dans le cadre de l'enquête sur la dégradation de cinquante et une tombes du carré juif du cimetière de Lille-Sud, le 1er avril, a avoué avoir commis les faits mais nié tout motif religieux, a annoncé, jeudi 19 avril, le procureur de la République de Lille.



Ce Lillois, d'origine maghrébine, confondu par la présence de son sang sur un médaillon d'une tombe démolie, a raconté aux policiers lors de sa garde à vue avoir agi sous le coup de l'alcool et d'un deuil, a précisé au cours d'une conférence de presse le procureur Philippe Lemaire. L'homme devait être mis en examen jeudi en fin de journée pour "dégradation et violation de sépulture", avec comme circonstance aggravante le motif racial ou religieux. Un tel délit est passible de cinq d'emprisonnement.

VIF ÉMOI

La profanation de ces tombes, dans la nuit du 31 mars au 1er avril, avait provoqué un vif émoi, à la veille de la Pâque juive.

Le procureur Lemaire a précisé : "Il prétend que ce soir-là il était très alcoolisé. Il était triste parce que son frère avait été enterré un mois auparavant dans ce cimetière et il avait décidé d'aller sur la tombe. Il a escaladé la clôture du cimetière, et puis il semble qu'il s'est perdu."

"Il a repéré une photo sur une tombe. Dans son ivresse, ça l'a énervé et il a martelé cette photo sur laquelle on a retrouvé des traces d'ADN. Et puis, continuant son périple, il a renversé les stèles dressées sur toute l'allée", a poursuivi le procureur. L'enquête de la police judiciaire de Lille devra confirmer ou infirmer cette hypothèse.

un livre de denis charbit qu'est ce le sionisme

Denis Charbit : un rêve de nation
LE MONDE DES LIVRES | 19.04.07 | 13h00








ionisme. Depuis quelques années, le mot claque comme une injure. Il est synonyme, dans l'esprit de ceux qui l'utilisent, de racisme et d'annexionnisme territorial ; un avatar, disent-ils, du colonialisme européen en terre proche-orientale ou, version plus contemporaine, le dernier des oripeaux de l'impérialisme dans cette même région. C'est une caricature. Elle relève à la fois de l'ignorance crasse et d'un tiers-mondisme dévoyé ; elle ne sert pas la cause du mouvement national palestinien - bien au contraire. Les militants de ce dernier ont tout intérêt à connaître l'histoire du sionisme, et nombre d'entre eux n'en ignorent rien.



Cette histoire, le politologue Denis Charbit la raconte avec sympathie et érudition. Le sionisme naît à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. Il est, à l'heure du mouvement des nationalités, quand s'effondrent les empires ottoman et austro-hongrois, la réponse moderne à l'antisémitisme persistant. Si celui-ci sévit aussi bien dans la Russie tsariste que dans la France républicaine, seul l'Etat-nation, qui est alors le moteur du progrès et de l'émancipation des peuples, sera capable d'assurer aussi celui et celle du peuple juif. Où l'établir ?

L'idée sioniste naît chez des militants largement athées. Mais le sionisme a aussi un pôle religieux : s'il mobilise au profit de l'établissement d'un Etat en terre d'Israël, c'est parce qu'il y existe un lien, jamais rompu au fil des siècles, entre les juifs et cette terre. Ce lien, la religion l'a maintenu. Denis Charbit raconte la richesse des débats sur un projet qui ne s'impose pas facilement dans les diasporas. Et, légitimé par la communauté internationale au lendemain de la Shoah, le droit des juifs à installer un Etat sur une partie du territoire de la Palestine mandataire se réalisera aussi par nécessité : Israël sera souvent le seul refuge des juifs fuyant l'Europe orientale ou le monde arabo-musulman.

Excellent décrypteur d'une aventure qui va transformer la condition juive, l'auteur n'occulte aucun des débats actuels, et notamment pas le combat que mène un autre peuple sur cette même terre, pour, lui aussi, se constituer en nation sous la protection de son Etat.


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QU'EST-CE QUE LE SIONISME ? de Denis Charbit. Albin Michel, 310 p., 11 €.

le pen sarkozy et les juifs

M. Le Pen : l'origine juive de M. Sarkozy "joue un peu en sa faveur"
LE MONDE | 19.04.07 | 16h22 • Mis à jour le 19.04.07 | 16h22
JÉRUSALEM CORRESPONDANT








es juifs qui sont Français et liés à la France, et dont les intérêts sont ceux de la France doivent voter en bloc pour moi", déclare Jean-Marie Le Pen dans un entretien publié, jeudi 19 avril, dans le quotidien à grand tirage israélien Maariv. "J'ai des amis juifs et j'ai des juifs dans mon parti", ajoute le candidat du Front national à la présidentielle avant de préciser que "des juifs ont voté pour moi en 2002". "Ils sentent sans doute mieux que moi les dangers qui pèsent sur notre pays à cause de la situation de la sécurité."



Polémique sur un timbre à l'effigie du candidat de l'UMP
Récemment, une petite polémique a surgi, en Israël, a propos de la publication d'un timbre à l'effigie de M. Sarkozy. En fait, il s'agit d'une initiative de la section UMP d'Israël qui en aurait fait imprimer un millier comme tout un chacun a la possibilité de la faire. C'est un "service commercial payant mais ce timbre sans prix n'est pas mis officiellement en circulation", précise le mouvement pacifiste La paix maintenant.

[-] fermer



S'étant toujours présenté comme "un ami" d'Israël, M. Le Pen avait, en 1987, qualifié l'existence des chambres à gaz de "point de détail de l'histoire de la seconde guerre mondiale". Dans cet entretien, M. Le Pen revient sur ces propos qui, à l'époque, avaient soulevé une vive polémique. "Je n'ai pas nié la Shoah. Je n'ai fait que dire tout simplement que les chambres à gaz ne constituent qu'un détail dans l'histoire de la seconde guerre mondiale", déclare-t-il avant de préciser "ce n'est pas quelque chose qui aurait dû provoquer la colère".


"MÊME DIABOLISATION"


Parlant de Nicolas Sarkozy, Jean-Marie Le Pen estime que le candidat de l'UMP "est la cible de la même diabolisation que moi parce qu'il a parlé de racaille de la même façon que j'ai parlé de détail".

Le candidat du FN revient, une nouvelle fois, sur les origines de Nicolas Sarkozy. Répondant à la question : "Pourquoi les juifs aiment Sarkozy et pour quelle raison ils le haïssent ?", M. Le Pen répond : "Sarkozy est juif par sa mère. Cela joue un peu en sa faveur, le fait qu'il soit juif du côté grec", ajoutant "mais il n'est pas juif du côté hongrois". Pour Jean-Marie Le Pen, "Sarkozy est toujours en faveur des organisations juives et d'Israël. Il est pro-américain, très pro-américain, mais tous les juifs ne sont pas pour lui. Il a également permis l'immigration de centaines de milliers de personnes venant d'Afrique et d'Afrique musulmane".

Michel Bôle-Richard
Article paru dans l'édition du 20.04.07. Offre Elections 2007 : Le Monde à -50%

Monday, April 16, 2007

les combats européens de pierre besnainou

By ELIAS LEVY
Reporter




Pierre Besnainou
À 52 ans, Pierre Besnainou est un homme tranquille et résolu qui incarne “la révolution sépharade”. Un “rattrapage”, plus qu’une “révolution”.

Né en Tunisie, ce leader affable, dynamique et visionnaire, qui a fait fortune dans la Netéconomie, est devenu en quelques années l’une des plus importantes figures des judaïsmes français et européen.

En juin 2005, il a été élu président du Congrès Juif Européen (C.J.E.), en battant l’Italien Cobi Benatoff, favori de la Communauté juive américaine et du président du Congrès Juif Mondial, Edgar Bronfman. En juin 2006, il a été élu président du Fonds Social Juif Unifié de France (F.S.J.U.), poumon financier de la Communauté juive de l’Hexagone. Les fonds collectés par le F.S.J.U. financent des œuvres sociales, éducatives et culturelles.

Fondé en 1986, Le C.J.E. fédère 38 Communautés juives vivant dans les 27 pays membres de l’Union Européenne, en Russie, en Ukraine et dans les autres anciennes Républiques de l’U.R.S.S. L’agenda du C.J.E. est purement politique.

Dans l’entrevue qu’il nous a accordée, Pierre Besnainou nous a livré ses impressions sur les grands défis auxquels font face les Juifs d’Europe.

Canadian Jewish News: Quels sont les dossiers prioritaires du C.J.E.?

Pierre Besnainou: Le C.J.E. a deux dossiers prioritaires: l’antisémitisme en Europe et les relations entre l’Union Européenne et l’État d’Israël. Le C.J.E. veut être un pont entre l’Europe et Israël, évidemment avec des crises plus ou moins tendues à certaines périodes, comme celle qui mobilise actuellement nos énergies et celles de toute la Communauté internationale: la crise avec l’Iran.

C.J.N.: Le C.J.E. a-t-il entrepris des actions concrètes contre l’Iran?

P. Besnainou: Depuis le premier jour de cette crise, le C.J.E. a dénoncé vigoureusement l’attitude ignoble et la rhétorique antisémite abjecte du président iranien, Mahmoud Ahmadinejad. Nous avons demandé au Parlement européen de voter une résolution pour qu’il soit considéré persona non grata en Europe. Nous avons aussi lancé une pétition contre Ahmadinejad, qui a recueilli plusieurs milliers de signatures. Nous avons milité pour qu’il ne vienne pas en Allemagne l’été dernier pour assister à la Coupe du monde de football. Nos pressions et celles de tout un ensemble d’acteurs ont porté fruits, Ahmadinejad n’est pas venu souiller le sol européen.

C.J.N.: Le Parlement européen, qui a adopté une position pusillanime depuis le début de cette crise, est très réticent à condamner fermement l’Iran et son président.

P. Besnainou: Quand le président sortant du Parlement européen, Josep Borrell, m’a annoncé que cette institution n’avait pas pu adopter une résolution pour condamner Ahmadinejad, mais qu’elle avait passé une résolution pour que le président de la Biélorussie, Alexandre Loukachenko, soit considéré persona non grata sur le territoire européen, je me suis demandé quel était le sens de l’Europe que nous nous attelons à bâtir. C’est vrai qu’il y a des moments de découragement, mais notre combat est tellement important qu’on n’a ni le droit ni le temps de baisser les bras.

C.J.N.: La complaisance des instances européennes à l’endroit du président Ahmadinejad vous choque-t-elle?

P. Besnainou: Ahmadinejad est un petit Hitler. Il est aussi dangereux qu’Hitler puisqu’il ne cesse de claironner qu’il veut rayer l’État d’Israël de la carte du monde. Cet islamiste radical représente un des seuls pays siégeant aux Nations Unies osant nier la Shoah et prônant sans aucune gêne l’annihilation du peuple juif et de son État. Hitler a aussi amorcé sa fulgurante ascension politique en honnissant les Juifs, et, à l’époque, personne n’avait cru bon accorder de l’importance à ses paroles et aux premières mesures antisémites qu’il a promulguées en 1938. Il ne s’agissait alors que de déclarations verbales qui ont eu cependant les conséquences dramatiques que l’on connaît.

Il est temps de tirer les leçons du passé. L’amnésie historique ne peut mener les peuples qu’à des catastrophes. Ahmadinejad est une personne dont le monde devrait avoir honte. Pourtant, quand il a pris dernièrement la parole devant l’Assemblée Générale des Nations Unies, personne n’est sorti de la salle, ni envisagé un seul instant l’idée d’interdire à cet antisémite féroce de fouler l’enceinte de cette institution supranationale. Cette attitude passive joue contre l’intérêt du peuple iranien, qui mérite beaucoup mieux que ce petit Hitler.

C.J.N.: Le C.J.E. plaide vigoureusement pour l’adoption de sanctions économiques drastiques contre l’Iran.

P. Besnainou: Ahmadinejad est plus dangereux qu’Hitler parce que probablement dans un futur proche il dotera l’Iran de l’arme la plus redoutable, la bombe nucléaire. Évidemment, devant l’impuissance européenne et l’incapacité des Nations Unies à faire voter des sanctions significatives et sérieuses contre l’Iran, nous nous retrouvons aujourd’hui face à une situation très inquiétante. Bien sûr, on peut blâmer l’Europe, mais je crois que le rôle de la Russie dans cette affaire est très néfaste et inadmissible. Malheureusement, nous constatons impavides que l’incapacité ou l’impuissance de l’Europe est aussi la conséquence du manque de consensus au sein des Nations Unies.

L’Iran est actuellement en train de tester les capacités de l’Union Européenne après avoir testé celles des États-Unis en Irak. Le problème est que le président iranien, convaincu de son impunité, pense qu’il n’y aura pas de réactions. L’Occident doit lui démontrer le contraire. Nous ne pouvons plus nous contenter de condamner verbalement sa rhétorique antisémite et ses desseins nucléaires. La Communauté internationale doit agir avec fermeté en décrétant des sanctions économiques contre Téhéran. Mais, pour l’instant, l’impuissance des nations occidentales face à l’Iran est flagrante.

C.J.N.: Le discours négationniste d’Ahmadinejad n’a-t-il pas une finalité précise: la délégitimation d’Israël?

P. Besnainou: Absolument. Le lien entre le négationnisme d’Ahmadinejad et sa volonté de détruire l’État d’Israël est extrêmement fort. Délégitimer la Shoah pour remettre en cause l’existence de l’État Israël. Son discours a un écho très favorable chez les antisémites négationnistes et les antisionistes de tout acabit.

C.J.N.: L’antisémitisme fait de plus en plus d’émules en Europe, surtout dans les contrées est-européennes. La progression de ce fléau funeste vous inquiète-t-elle?

P. Besnainou: Ce qui m’inquiète le plus, c’est que l’antisémitisme moderne, si je peux le qualifier ainsi, est fortement lié à une idéologie d’extrémistes islamistes et à une pseudo-solidarité avec les Palestiniens, qui est exploitée aujourd’hui à des fins idéologiques. Mais ce n’est pas cet antisémitisme qui m’inquiète le plus, celui qui m’inquiète le plus, c’est l’antisémitisme primaire, ce virus, dont on a vu au milieu du siècle dernier les conséquences terrifiantes pour le peuple juif, qui est en train de renaître un peu partout en Europe, en particulier en Europe de l’Est. C’est ce qui me fait le plus peur.

C.J.N.: L’Europe institutionnelle paraît impuissante face à cet antisémitisme débridé?

P. Besnainou: C’est un des sujets importants que j’évoquerai bientôt avec la chancelière allemande, Angela Merkel: l’harmonisation de la législation européenne en matière de lutte contre l’antisémitisme. Ce que j’amène dans mon dossier, c’est le modèle français, parce que c’est un modèle en termes législatifs qui a donné des résultats probants. Il est impératif d’harmoniser les lois en Europe pour lutter contre l’antisémitisme.

Dans certains pays, en particulier dans les nouveaux pays de l’Union Européenne, on se drape derrière une pseudo-liberté d’expression pour justifier des propos antisémites. Il est extrêmement important que l’Europe ait des moyens légaux pour pouvoir poursuivre en justice des antisémites invétérés. Par exemple, un député polonais membre du Parlement européen, Maciej Giertych, vient de publier et de distribuer une brochure foncièrement antisémite. On est vraiment en 1938, du pur délire! Le fils de cet élu d’extrême droite est vice-premier ministre et ministre de l’Éducation en Pologne. Pour l’instant, le Parlement européen n’a aucun moyen légal pour sanctionner ou poursuivre en justice ce député judéophobe. C’est terrifiant!

C.J.N.: En ce qui a trait à Israël, il ne semble pas y avoir un consensus européen. L’Angleterre et l’Allemagne sont plus proisraéliennes que des pays francophones comme la France et la Belgique.

P. Besnainou: C’est vrai, il n’y a pas une position consensuelle européenne en ce qui a trait aux relations avec Israël. Pour la question de l’antisémitisme, c’est la même chose. Est-ce qu’on peut catégoriser les pays anglo-saxons, les pays francophones, les anciens pays satellites de l’U.R.S.S. désormais membres de l’Union Européenne de plus proIsraël ou de moins proIsraël? C’est difficile. C’est vrai que la France n’est pas le meilleur ami d’Israël, pourtant c’est le pays européen qui lutte le plus vigoureusement contre l’antisémitisme. L’Angleterre est très probablement l’un des meilleurs amis d’Israël, mais sûrement pas le pays qui lutte de la façon la plus efficace contre l’antisémitisme. Dans chaque pays européen, les Juifs sont confrontés à des réalités différentes.

C.J.N.: Les pays de l’Europe de l’Est qui ont adhéré dernièrement à l’Union Européenne, où l’antisémitisme est une réalité sociale très ostensible, sont pourtant proaméricains et même proisraéliens. C’est à ne rien comprendre!

P.Besnainou:Vous avez raison. L’entrée dans l’Union Européenne de dix nouveaux pays est-européens, beaucoup plus proaméricains que les pays de la Vieille Europe, est un facteur qui aidera sans doute à l’amélioration des relations entre l’Europe et Israël. Aujourd’hui, la Pologne est un des principaux alliés des États-Unis et d’Israël. Dans l’épineux dossier du bouclier antimissile, la Pologne et la Tchécoslovaquie, pays amis et alliés de l’Amérique, s’opposent fermement à la Russie de Poutine, très réfractaire au déploiement de ce bouclier sur le territoire européen. La Pologne a d’excellentes relations avec l’État d’Israël. Pourtant, ce pays ultra-catholique ne fait pas grand chose pour combattre l’antisémitisme qui prolifère dans son terroir. C’est paradoxal et inquiétant.

C.J.N.: Comment envisagez-vous l’avenir des Juifs en Europe?

P. Besnainou: J’ai une position assez claire sur cette question. L’Europe compte aujourd’hui un peu plus de deux millions de Juifs. Il y a un danger qui plane sur le judaïsme et les Juifs de la Diaspora: l’assimilation. Dans les Communautés juives d’Europe, le taux de mariages mixtes se situe entre 50 et 80%. C’est évidemment le premier élément qui nous force à nous poser la question de l’avenir des Juifs en Europe et en Diaspora. Le deuxième élément, c’est que l’Aliya des Juifs en Israël ne se fait plus que par choix, il n’y a plus d’Aliya refuge. Des Juifs d’Europe font leur Aliya parce qu’ils considèrent Israël comme un choix existentiel et non parce qu’ils sont persécutés.

Sur le plan économique, social et culturel, il y a des pays européens où il y a moins d’avenir que dans d’autres. Dans les petites Communautés juives, les mariages mixtes et l’assimilation sont évidemment des facteurs qui rendent les perspectives d’avenir de ces Communautés bien sombres. Dans la Communauté juive de Croatie, que j’ai visitée dernièrement, il n’y a eu en 2006 que quatre mariages et deux Bar Mitzvah. Malgré toute la sympathie que j’éprouve pour cette Communauté, force est de reconnaître qu’elle n’a pas un très grand avenir devant elle.

C.J.N.: L’avenir des Juifs de France vous préoccupe-t-il?

P. Besnainou:En France, les actes antisémites en 2006 ont augmenté par rapport à 2005. Tout le monde est surpris par ces statistiques parce que ce n’est pas ce qu’on avait annoncé. La réalité, c’est que les actes antisémites sont à la hausse. Ça c’est factuel. Ils ont baissé par rapport à 2004. Le problème n’est pas réglé, nous devons continuer à être très vigilants. Les pouvoirs publics français font un effort considérable pour lutter contre l’antisémitisme. Mais il y a toujours un malaise dans la Communauté juive de France. 2006 a été l’année où le jeune Ilan Halimi a été torturé et cruellement assassiné parce qu’il était Juif.

Malheureusement, en France, le problème de l’antisémitisme demeure une dure réalité qu’on ne peut pas ignorer.


In an interview, European Jewish Congress president Pierre Besnainou talks about the dangers of anti-Semitism in Euorpe

le mémorial de l'holocauste de Budapest

Aujourd'hui, le mémorial de l'holocauste de Budapest fête son troisième anniversaire alors que le pays a connu ces derniers mois une vague de manifestations marquées par des slogans antisémites.

(Photo LPJ)

La date du 16 avril a été choisie pour symboliser l'holocauste hongrois car c'est à cette date qu'en 1944 fut ouvert le premier ghetto hongrois, à Munkács, situé aujourd'hui en Ukraine. Il y atrois ans, le mémorial a été inauguré par les présidents hongrois et israélien, Ferenc Madl et Moshé Katsav, en présence de Nicolas Sarkozy alors ministre français de l'Economie. Sa construction relève d'une décision politique consensuelle et la France a soutenu financièrement le projet.
L'holocauste hongrois présente des spécificités par son ampleur, la moitié de la population juive a été décimée soit environ 400 000 personnes, et par sa mise en œuvre tardive. Il n'a débuté à Budapest qu'en 1944 alors que l'issue de la guerre se dessinait, mais avait frappé d'abord il est vrai les campagnes.
De 1941 à 1945, les Juifs hongrois ont été privés successivement de leurs droits, leurs propriétés, leur liberté, leur dignité, leur vie. Cette chronologie d'évènements fonde le concept de l'exposition permanente du mémorial. Plus qu'un musée, le mémorial prend part à des activités scientifiques et réalise un travail pédagogique pour sensibiliser le pays à cette tragédie de l'holocauste, quand les manuels scolaires hongrois ne consacrent que deux pages à l'histoire de la Seconde Guerre mondiale et ne mentionnent l'holocauste que depuis 1989.

Intolérance croissante dans un contexte social difficile
Les manifestations anti-gouvernementales qui ont rythmé la vie hongroise depuis septembre dernier ont révélé au pays de manière brutale la persistance de sentiments antisémites au sein d'une partie de la population. Les manifestants d'extrême-droite ont dénoncé les "socialistes et les Juifs qui vendent le pays". A tel point que l'antisémitisme est devenu un argument électoral. Dans le journal britannique The Times, le premier ministre Ferenc Gyurcsany a accusé, début mars, l'opposition de droite de s'accommoder des idées de l'extrême-droite. La Fidesz a violemment dénoncé ce qu'elle considère être une tentative de discrédit. Dans ce contexte de surenchère politique, le Président de la communauté juive de Hongrie, Peter Feldmejer, affirmait craindre pour la sécurité des Juifs en Hongrie. Ils seraient environ 100 000 aujourd'hui, à Budapest pour la plupart.
S'il est difficile de juger de l'évolution de l'antisémitisme au sein de la population hongroise, la focalisation des médias et de l'opinion publique sur la frange radicale du mouvement d'opposition au gouvernement, a permis une diffusion large des idées antisémites.
Corentin LEOTARD (www.lepetitjournal .com - Budapest) lundi 16 avril 2007

Allemagne : un dirigeant de la CDU accusé de falsifier l'histoire

Allemagne : un dirigeant de la CDU accusé de falsifier l'histoire
LE MONDE | 14.04.07 | 13h50 • Mis à jour le 14.04.07 | 13h50
BERLIN CORRESPONDANCE
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n relativisant le passé nazi d'un de ses prédécesseurs, Hans Filbinger, mort le 1er avril à l'âge de 93 ans, le ministre-président du Bade-Wurtemberg, le chrétien-démocrate Günther Oettinger, suscite une vive indignation en Allemagne et au-delà.

Ancien juge militaire dans la marine, M. Filbinger a été impliqué, en mars 1945, dans la condamnation à mort et l'exécution d'un marin pour désertion. Il a prononcé deux autres verdicts similaires dans les derniers jours du IIIe Reich. La révélation de son passé et son absence manifeste de remords l'avaient contraint à démissionner de son poste de ministre-président en 1978. Il était lui aussi membre du parti chrétien-démocrate (CDU).



Lors de son enterrement, mercredi 11 avril, l'actuel ministre-président a déclaré que M. Filbinger "n'était pas un national-socialiste", mais, au contraire, un "adversaire du régime national-socialiste". Il a affirmé qu'il n'existe pas de "verdict de Hans Filbinger à travers lequel un homme a perdu la vie". M. Filbinger avait d'autant plus choqué lors de la révélation de son passé qu'il avait déclaré que ce qui était "justice autrefois ne peut pas être aujourd'hui une injustice".

De nombreux intellectuels, la plupart des partis politiques et la communauté juive ont dénoncé les propos de M. Oettinger qui constituent, selon eux, une tentative de falsification de l'histoire. En vacances, la chancelière Angela Merkel (CDU) est intervenue pour tancer le ministre-président, à la surprise de la CDU du Bade-Wurtemberg. "J'aurais souhaité qu'à côté de l'hommage (...), des questions critiques en relation avec l'époque du national-socialisme soient évoquées, particulièrement eu égard aux sentiments des victimes et des personnes concernées", a-t-elle déclaré, vendredi 13 avril, dans un communiqué de la CDU.

Les appels à la démission se multiplient. A Jérusalem, le directeur du centre Simon-Wiesenthal, Efraim Zuroff, a souligné qu'un ministre-président "qui nie le passé nazi de l'ancien ministre-président Hans Filbinger et le blanchit est intolérable". Pour l'écrivain Ralph Giordano, celui qui tient un tel discours "ne se trouve pas sur le terrain de la loi fondamentale et n'a rien à faire sur le siège d'un ministre-président".

Le choc est d'autant plus important que le discours de M. Oettinger avait été préparé avec soin. Selon des informations rapportées par le site en ligne de l'hebdomadaire Der Spiegel, le discours a donné lieu à d'intenses discussions avant qu'un conseiller impose ses vues. D'après ce site, il s'agirait de Michael Grimminger, un ancien assistant du philosophe Günter Rohrmoser. Ce dernier a travaillé dans le "think tank" de tendance nationale conservatrice "Studienzentrum Weikersheim" fondé par M. Filbinger, en 1978, après sa démission.

M. Oettinger, 53 ans, a refusé de revenir sur ses propos et dénonce une campagne orchestrée par les sociaux-démocrates et les Verts. En prononçant son hommage, il a, peut-être, voulu servir la clientèle conservatrice de la CDU et contrer son concurrent, Stefan Mappus, chef du groupe parlementaire chrétien-démocrate au Parlement régional.

Les chrétiens-démocrates du Bade-Wurtemberg - Land frontalier de l'Alsace - passent pour être conservateurs et traditionnels. A l'issue de son discours, le ministre-président a reçu des soutiens de dirigeants locaux de son parti.

Dans les années 1990, une partie de l'électorat du Land s'était laissé séduire par les thèses du parti d'extrême droite Die Republikaner de l'ancien Waffen-SS Franz Schönhuber. Lors des élections régionales de 1992 et 1996, ce parti avait obtenu respectivement 10, 9 % et 9,1 % des voix.

Cécile Calla

La Shoah ou la solitude des Justes

La Shoah ou la solitude des Justes
LE MONDE | 06.01.07 | 12h54 • Mis à jour le 06.01.07 | 15h24









ntretien avec Saul Friedländer, historien à l'université de Los Angeles Californie. La première partie de son livre L'Allemagne nazie et les juifs est publiée au Seuil.



Alors que vous acheviez le second volet de L'Allemagne nazie et les juifs, un roman, Les Bienveillantes, de Jonathan Littell (Gallimard, 2006), connaissait un immense succès de librairie. Ce succès n'infirme-t-il pas l'opinion de ceux qui pensent que la mémoire du génocide décline ?




J'avoue que c'est une catégorie de romans qui, comme en son temps Le Choix de Sophie de William Styron, me met mal à l'aise... Quant à la raison de cette flambée, elle me paraît résulter d'un mixte dans lequel on doit d'abord faire entrer l'attrait morbide pour l'horreur. Deuxièmement, il faut reconnaître que les circonstances de la Shoah demeurent obscures. Celle-ci reste un élément non résolu de l'histoire occidentale du XXe siècle... Du coup, tout nouveau livre présenté de façon différente attire. On doit enfin compter avec l'effet médiatique. Aux Etats-Unis, le nombre d'étudiants qui viennent suivre un cours sur la Shoah double dès lors que sort un film comme La Liste de Schindler. C'est d'autant plus curieux que beaucoup de mes étudiants de l'université de Los Angeles (UCLA) sont d'origine asiatique et n'ont pas de relation familiale à cette histoire. Ils n'en sont pas moins là, et posent des questions parce que tous ont vu des films ou des programmes de télévision consacrés à ce thème. L'historiographie nourrit le roman, qui à son tour nourrit l'intérêt historiographique.


Pour vous, la haine antijuive des nazis se caractérise par l'"antisémitisme rédempteur", amalgame d'antisémitisme social, religieux, racial, qui part du principe que "le monde respirerait bien mieux sans les juifs". Pensez-vous que cette figure ait survécu à la défaite du nazisme ?

Sans être un spécialiste de l'antisémitisme islamique, qui est le fait des plus fanatiques, je peux affirmer que ce type de haine continue à être utilisé à des fins de mobilisation dans le monde musulman. Mais aussi, comme l'a prouvé la récente conférence qui a réuni des négationnistes du monde entier à Téhéran, en décembre, par-delà le nazisme, certains mythes ont effectivement opéré une migration. On accusait naguère les juifs de vouloir dominer le monde. On accuse désormais Israël de chercher à dominer le Moyen-Orient. L'Amérique étant "enjuivée", et Bush un "pion", prétend-on, la Shoah se voit qualifiée de "mythe" utilisé par les juifs pour arriver à leurs fins.


Vous êtes un rescapé (vous avez vécu, caché dans la France occupée). Pensez-vous que l'idéal scientifique de neutralité puisse résister à une telle expérience et à une matière aussi extrême ?


Sans faire de comparaison aucune, cela équivaut à dire qu'aucun Noir n'aurait le droit d'être un historien de l'apartheid ! Le spécialiste allemand du nazisme, Martin Broszat, reprochait naguère aux victimes et à leurs descendants, autrement dit à la communauté juive, d'entretenir une "mémoire mythique" des événements face à un discours plus "rationnel" - celui des historiens allemands. Ma réponse reste la même aujourd'hui. Tout d'abord certains historiens allemands du national-socialisme ont eux-mêmes souvent été mobilisés dans la Hitlerjugend. Dès lors, comment peut-on dire que leur subjectivité aussi ne refait pas surface dans leurs travaux ? Je suis toutefois conscient de ce qu'on peut m'attribuer cette subjectivité. Pour vous donner un exemple très lointain, j'ai eu l'occasion d'avoir affaire pour la première fois à ce problème avec mon livre Pie XII et le Troisième Reich en 1964. J'ai choisi intentionnellement de le publier au Seuil, un éditeur alors réputé catholique de gauche. Je me suis ainsi garanti contre moi-même.


A la différence de la plupart des spécialistes de cette période, Raul Hilberg au premier chef, vous incluez dans votre récit l'histoire et la voix des victimes juives. Pourquoi ?


Au fur et à mesure que je travaillais, j'ai compris que ce récit était incomplet et que personne ne s'occupait de la vision des vaincus ni des morts. J'admire beaucoup Raul Hilberg mais sa sévérité à l'égard de l'attitude soumise des dirigeants juifs de l'époque, poussée à l'extrême par Hannah Arendt : tout cela est loin de moi. Les éditions Fayard publient ce mois-ci le journal et les archives de l'historien juif polonais Emmanuel Ringelblum, qui vécut dans le ghetto de Varsovie. Il ne s'agit pas seulement de témoignages mais aussi d'un éclairage propre à montrer le comportement du bourreau, comme un éclair qui illumine en une fraction de seconde un paysage, en en révélant des contours qu'on ne pourrait saisir autrement.


Pouvez-vous donner un exemple ?


Prenons le massacre des juifs de Stanislawow en Galicie. On a récupéré le journal d'une jeune femme d'environ 18 ans, Elsa Binder (Eliszewa), qui évoque deux de ses amies du même âge, à l'époque du massacre de la plupart des juifs de cette ville, le 12 octobre 1941. On pourrait se contenter de la statistique des morts. Mais quand on lit les pages du journal, on y trouve quelque chose de simple et d'affreux : "J'espère que la mort s'est bien passée pour elle (son amie Tamarczyk) (...). Et qu'elle n'a pas dû souffrir comme sa camarade Esterka qui, comme on l'a vu, a été étranglée." Quand j'ai lu cela, j'ai été paralysé car j'ai compris qu'il ne s'agissait pas seulement de mitrailler les gens. Il y avait là des auxiliaires ukrainiens et des Allemands qui étranglaient et torturaient les juifs. Voila qui change la perspective. Plus généralement, vous ne pouvez comprendre les réactions des juifs d'un ghetto sans prendre en considération leur quotidien, la faim, les cadavres que l'on retrouve, la haine - réciproque - des juifs convertis à l'égard de la population juive qui nous révèle que le malheur commun ne rapproche pas, bien au contraire. Ce que j'ai vu à travers certains livres de souvenirs, à savoir que dans une société en cours de dissolution, ce sont les petits groupes qui deviennent de plus en plus soudés, on ne le trouve ni dans les archives allemandes ni dans les archives polonaises.

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Vous définissez deux directions à l'historiographie du nazisme. La première fait de la politique juive du régime une conséquence seconde, par exemple de la spoliation et du pillage ou du remodelage ethnique de l'Europe. La deuxième fait de l'antisémitisme un objectif central des nazis. Quelle est la vôtre ?




La seconde. Les historiens de la jeune génération allemande manifestent une volonté d'expliquer la politique antijuive du régime comme une sorte de retombée d'une politique plus globale, explicable en termes concrets et matériels. Or, pour moi, plus la situation se détériore plus la politique antijuive redevient l'élément central qu'elle était au début dans l'esprit des hitlériens. Pourquoi ? Le raisonnement d'un Hitler a sa logique, certes monstrueuse. Il est convaincu que ce sont les juifs qui, de l'intérieur de l'Allemagne, ont amené à la défaite de 1918. Quand Hitler voit, en 1941, la situation tourner à son désavantage et les Etats-Unis à la veille d'entrer en guerre, alors il saisit que le conflit est devenu total et qu'il n'a désormais plus rien à perdre.


De quand datez-vous la prise de conscience de l'extermination totale ?


Dès la fin 1941, des Allemands de Westphalie discutent dans la région de Bielefeld du fait que l'on fusille les juifs inaptes au travail. Ils savent déjà la nouvelle par les lettres des soldats ou par les récits des permissionnaires. N'oubliez pas qu'à Auschwitz, les gardes avaient le droit d'amener leurs familles. L'information sur ce qui se passait était bien plus connue qu'on ne l'a cru jusqu'à présent. A l'été 1942, on commençait à savoir que le sort des juifs - même si on ne savait rien des aspects techniques - relevait du massacre par centaines de milliers.


Vous insistez aussi sur le manque de solidarité de groupes sociaux comme les Eglises... Est-ce pour cela, à votre avis, que l'on met en avant le courage individuel des Justes ?

Le rôle des élites sociales, en particulier chrétiennes, dans l'évolution d'ensemble de la situation me paraît plus important que je ne le croyais à l'époque où j'ai écrit mon Pie XII et le Troisième Reich. Bien sûr, on connaît l'attitude courageuse des protestants français - mais il s'agit d'un petit groupe. Si l'on regarde les protestants allemands, on voit la partie centrale, neutre, pencher vers les positions des "chrétiens allemands", qui, eux, sont des nazis. En France, l'Eglise catholique, qui est au courant du statut des juifs en préparation, ne dit pas un mot en 1940. Quand l'archevêque catholique de Berlin, Konrad Preysing, demanda à deux ou trois de ses collègues de préparer un texte de protestation, le primat de l'Eglise allemande, le cardinal archevêque de Breslau, Adolf Bertram, s'opposa au projet.

Qu'il n'y ait pas eu des milliers de gens pour se dresser contre ces crimes ne me frappe pas. Il est clair que la peur régnait, qu'on songeait d'abord à soi. Mais qu'au niveau des ecclésiastiques et des intellectuels il y ait eu si peu de protestations, de solidarité, voilà ce qui est étonnant. Cela montre que la Shoah était un phénomène global. Certes, il fallait un détonateur. Mais aussi qu'il y eût beaucoup de bois mort et de broussailles pour que le feu prenne. Il n'y a pas de groupe dans toute l'Europe, pas un seul, qui ait, en tant que tel, manifesté sa solidarité avec les juifs. Alors, c'est vrai, il y a les Justes. Mais il s'agit d'individus héroïques, pas de groupes sociaux.


Qu'en est-il de ce "bois mort" aujourd'hui ?


La situation générale des juifs dans le monde a changé à tel point depuis la seconde guerre mondiale que les conséquences peuvent être dramatiques, mais le danger extrême est moins plausible qu'il ne l'était dans les années 1930.


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Historien à l'université de Los Angeles Californie. La première partie de son livre "L'Allemagne nazie et les juifs" est publiée au Seuil

Blaise Cendrars antisémite

Blaise Cendrars antisémite
Paru le Jeudi 05 Avril 2007

JÉRÔME MEIZOZ*
BIOGRAPHIE - Dans la réédition «augmentée» de son «Blaise Cendrars», la fille de l'écrivain a coupé un texte antisémite rédigé par celui-ci en 1936. Un procédé très contestable.
En mars 2000, dans un billet que m'avait demandé un journal du dimanche sur l'antisémitisme en Suisse[1], je signalais un fait méconnu de la majorité des lecteurs passionnés de Blaise Cendrars, dont je fais partie: en été 1936, après l'arrivée au pouvoir du Front populaire de Léon Blum, l'écrivain d'origine helvétique avait rédigé l'ébauche d'un pamphlet pour une collection intitulée «La France aux Français». Cette expression vous dit quelque chose? Intitulé «Le Bonheur de vivre», ce document jamais publié du vivant de l'auteur est conservé dans les archives de Blaise Cendrars à la Bibliothèque nationale suisse de Berne.
En voici l'extrait paru à ce jour:«[...] il faut, par ces temps de désordre et de bourrage de crâne, traverser [la France] en chemin de fer de bout en bout pour comprendre que malgré le malheur des temps et les menaces de dictature d'un gouvernement de Front populaire, ce verger n'est pas encore entre les mains des Juifs...»[2]A l'anathème antisémite associant le mal au gouvernement Blum, Cendrars ajoute le mépris pour l'organisation des ouvriers, «arrogants, crâneurs, vantards», qui se proposent de conquérir collectivement de nouveaux droits. Les opinions antisémites et antisocialistes de Cendrars ne constituent pas une révélation. Sa fille, Miriam Cendrars, cite le document en question dans «Blaise Cendrars» (1984), biographie dont une édition revue et augmentée de nouveaux documents paraît aujourd'hui. Dans un ouvrage sur les romanciers de cette période en France, «L'Age du roman parlant 1919-1939» (Droz, 2001), j'ai cité l'extrait ci-dessus du «Bonheur de vivre», capital pour illustrer les positions politiques de Cendrars à la fin des années trente.


Une édition «augmentée»?

Le moins que l'on puisse dire, c'est que les universitaires qui se sont penchés sur la vie de Cendrars n'ont pas fait grand cas de ce texte antisémite rendu public dès 1984. Ce document a pourtant un intérêt essentiel pour comprendre les positionnements politiques et littéraires de Cendrars. Dans son «Blaise Cendrars» (1991)[3], Anne-Marie Jaton, professeure à l'Université de Pise, n'en fait pas mention, ni même dans l'«Histoire de la littérature en Suisse romande» (Payot, vol. 2, 1997). Peut-être ne dit-on pas de telles choses d'un «grand suisse»? Maître de la légende personnelle, Cendrars lui-même dans ses entretiens avec Michel Manoll, «Blaise Cendrars vous parle...» (1952) s'est bien gardé de faire allusion à ce texte, en pleine période d'«épuration».
Le «Blaise Cendrars» de Miriam Cendrars connaît aujourd'hui une réédition qu'on nous signale comme «revue, corrigée, augmentée», la troisième après celles de 1984 et 1993. Or, qu'y découvre-t-on? L'extrait du «Bonheur de vivre» cité ci-dessus y est tout simplement supprimé! La correction consiste à soustraire au regard du public une information dérangeante pour la statue de Cendrars, alors que ce document, déjà cité, est publiquement disponible. Il aurait donc fallu écrire «édition revue, corrigée, diminuée», mais l'éditeur n'a sans doute pas osé cette formule.
Cette suppression constitue selon moi un procédé volontairement attentatoire à la vérité historique. Elle relève d'une forme de révisionnisme qui supprime après coup, sur un document, sa part maudite. La biographe occulte un fait, au lieu de l'assumer simplement et de l'inclure dans un contexte où l'antisémitisme de Cendrars, loin de faire de cet homme un monstre, nous apprendrait quelque chose de préjugés courants à l'époque[4]. Cette entorse à la probité intellectuelle fragilise du coup la crédibilité de sa biographie toute entière. Il s'agit enfin d'un tour de passe-passe à l'égard des amateurs de Cendrars, qu'on ne se gêne pas de désinformer.


Contextes culturels

Pour comprendre l'antisémitisme littéraire si courant dans les années 1930, il faut plonger dans l'histoire culturelle de la fin du XIXe siècle, puis de la Belle Epoque, telle qu'elle a été retracée par de nombreux ouvrages sérieux: l'Affaire Dreyfus, la querelle des laïcistes et des catholiques, les fragilités républicaines, l'omniprésence de l'anarchisme. En 1886, Edouard Drumont publie un immense succès, «La France juive». Réédité 114 fois en un an, l'ouvrage recense de manière dénonciatoire, et pour la première fois, les noms de personnalités juives dans les arènes du pouvoir français[5]. Louis-Ferdinand Céline, dans ses quatre pamphlets (1936-1941), et toute la presse antisémite des années trente s'inspirent également de Drumont. Les propos de l'écrivain Renaud Camus, parus en 2001, sur la proportion de juifs employés à France-Culture s'inscrivent dans cette longue tradition.
Il faut rappeler l'ancrage puissant du préjugé antisémite aussi bien à droite qu'à gauche, sans oublier les milieux anarchistes: Le Canard enchaîné apprécie la caricature antijuive faite par Céline dans «L'Eglise», en 1933, et juge favorablement «Bagatelles pour un massacre», dans un article de 1938. Le rejet des juifs est lisible chez de nombreux auteurs, tels Jules Renard, Léautaud, Daudet ou Bernanos, qui se fait le biographe de Drumont dans «La Grande peur des bien-pensants» (1931). En mai 1936, avec l'arrivée de Léon Blum au pouvoir, la haine de la presse d'extrême droite se déchaîne sans plus de censure contre les personnalités juives liées aux cercles du pouvoir. Plusieurs journaux appellent au meurtre, et invitent littéralement à «tirer dans le dos» de Léon Blum. L'antisémitisme littéraire est ancré dans un terreau banal à l'époque, qui toutefois ne le justifie en rien dans la mesure où nombreux sont ceux qui ont contre-argumenté et mis en garde le public contre cette dérive.


Peuple-objet

Bien qu'il ait professé l'amour d'un petit peuple parisien mythifié (à l'instar de Remy de Gourmont, son maître), Cendrars avait en horreur le peuple réel dès qu'il devenait sujet historique, qu'il se mettait à revendiquer, discourir et refuser sa condition. N'existait dans le regard de l'écrivain qu'un peuple-objet, avec gueule et gouaille pour un pittoresque de banlieue littéraire. Hostile au Front populaire de Léon Blum, il fréquentait les milieux de la droite anarchisante et du grand mécénat bourgeois. En septembre 1936, Cendrars est engagé comme reporter dans la guerre d'Espagne pour le journal fascisant Gringoire. La droite française cherche à piéger Léon Blum qui s'en tient à la non-intervention militaire. Cendrars doit prouver que le «juif Blum», comme le nomme chaque jour la presse d'extrême droite, a bel et bien envoyé des hommes, secrètement, au secours de ses amis rouges. Mais les articles de Cendrars n'aboutissent pas du tout à ces conclusions et Gringoire refuse de les publier, rappelle ici opportunément Miriam Cendrars.


Limite des biographies autorisées

Il y aurait beaucoup à dire sur les «biographies autorisées», écrites ou contrôlées par les proches d'un écrivain. Les historiens s'en méfient, et pour cause. Celle de Miriam Cendrars propose certes de nombreux documents inédits, mais presque toujours présentés dans une lumière sanctifiante. Vestale du temple paternel, elle donne à «Blaise» les proportions de la postérité, non celles de son temps. Le portrait en est tronqué, et reconduit naïvement le mythe que Cendrars lui-même a créé autour de sa personne. Les documents ayant été sélectionnés dans une visée apologétique plus qu'historique, cette biographie n'a donc guère de valeur pour les curieux d'histoire littéraire, ni pour les spécialistes de cette oeuvre. Combien d'années faudra-t-il attendre avant que paraisse une biographie digne de ce nom?
Le paramètre antisémite n'est pas une simple anecdote biographique ou un secret scandaleux destiné à émouvoir le public. Pour qui veut saisir l'histoire sociale des formes littéraires, c'est un indicateur capital de la trajectoire de Cendrars. Au moment où le champ littéraire se polarise, dès 1932, entre une extrême gauche et une extrême droite, toutes deux dotées d'appareils de presse puissants, les choix politiques et les ralliements des écrivains ont un impact certain sur leurs choix littéraires, qu'il s'agisse des genres, des supports, des thèmes ou des styles. Ainsi les vertus d'aventure, de non-conformisme et d'héroïsme illustrés par Cendrars sont-elles en phase avec l'anarchisme individualiste et sa longue tradition. Cendrars, ayant renoncé au roman, se lance à cette époque dans le grand reportage, les histoires vraies, mais s'essaie aussi au pamphlet comme nous l'apprend «Le Bonheur de vivre». Une part de ses revenus dépend alors de la grande presse de droite pour laquelle il écrit, mais à l'égard de laquelle il manifeste également son indépendance.
Ironie du sort: sous l'Occupation dès 1941, à Paris, les services nazis inscrivent Cendrars sur la liste «Otto» des écrivains à proscrire comme «juifs», vraisemblablement à cause de son pseudonyme... I
Note :
* Ecrivain, enseigne la littérature française à l'Université de Lausanne.
Miriam Cendrars, «Blaise Cendrars, la Vie, le Verbe, l'Ecriture», Paris, Denoël, 2006, 751 pp.
[1] «Antisémitisme, le latent et le militant», dimanche.ch, 19 mars 2000, repris dans Confrontations 1994-2004, Lausanne, Antipodes, coll. «Contre-pied», 2005.
[2] Cité par Miriam Cendrars, «Blaise Cendrars», Paris, Balland, 1984, chapitre 31, p. 493.
[3] Genève, Slatkine, coll. «Les Grands Suisses», 1991.
[4] Dans sa réédition, la biographe signale brièvement les origines familiales «ataviques» de cet antisémitisme, pour rassurer le lecteur sur le fait qu'entre 1940 et 1944 Cendrars n'a pas manifesté ce type d'opinions.
[5] Philippe Alméras, «'Je suis le bouc'». Céline et l'antisémitisme», Paris, Denoël, 2000.

L’Italie rend hommage à Primo Levi

L’Italie rend hommage à Primo Levi


Journée de mémoire ce mercredi en Italie. L’Italie rend hommage à Primo Levi qui s’est suicidé il y a 20 ans. Primo Levi était un témoin d'Auschwitz. Expositions, concerts, lectures, émission de radio,... Toute l'Italie rend lui hommage.

Source:Info radio - 11 avr 2007 14:01

Italien et juif, Primo Levi s'est suicidé il y a 20 ans. Un suicide dû à son séjour dans le camp d'extermination d’Auschwitz en 44-45, mais aussi au rôle de témoin du génocide des juifs qu'il s'était assigné après sa libération et son retour à Turin. Primo Levi, c'est l'inventeur de ce qu'on appelle aujourd'hui "le devoir de mémoire".

Dès son retour d'Auschwitz, il déclare que "nous autres qui avons survécu à l'horreur des camps de la mort, avons des obligations morales envers les générations futures". Et il va s'atteler à témoigner. Il écrit des poèmes mais surtout le récit "Si c'est un homme" où il décrit avec un esprit scientifique sans lyrisme l'entreprise d'humiliation, de déshumanisation et de négation de l'humain mise en œuvre par les nazis. Le camp avec ses droits communs comme garde chiourme, le camp avec la faim, les maladies, les épreuves de sélection qui éliminent les plus faibles…

Six millions de juifs ont été éliminés à Auschwitz et dans les autres camps d'extermination. Le livre de Primo Levi figure aujourd'hui dans les programmes d'enseignement en Italie et en France notamment. "Si c'est un homme" a fait l'objet d'une adaptation théâtrale il y à peu au Théâtre de poche à Bruxelles.

Et pourtant en 46, l'éditeur italien avait refusé une première fois le manuscrit. Il le publiera dix ans plus tard, quand le monde commence à comprendre la spécificité de la Shoah. L'Italie rend hommage ce mercredi à Primo Levi. Ce sera sans doute l'occasion d'évoquer les lois antisémites instaurées en 1938 sous la dictature de Mussolini et qui sont à la base de l'arrestation du jeune chimiste turinois en février 44.

- Commémoration de la Shoah: l'absence de l'envoyé du Vatican "choque" Yad Vashem


JERUSALEM, 12 avr 2007 (AFP) - Commémoration de la Shoah: l'absence de l'envoyé du Vatican "choque" Yad Vashem

Le mémorial israélien pour la mémoire de la Shoah s'est dit "choqué et déçu" jeudi du refus du représentant du Vatican en Israël de participer aux commémorations de la Shoah organisées à partir de dimanche, au nom de la défense de la mémoire du pape Pie XII.

"Nous sommes choqués et déçus que le représentant du Vatican en Israël ait choisi de ne pas respecter la mémoire de l'Holocauste et de ne pas participer à la cérémonie officielle lors de laquelle l'Etat d'Israël et le peuple juif commémorent les victimes. Cela contredit les déclarations du Pape qui avait souligné l'importance de se souvenir de l'Holocauste et de ses victimes lors de sa visite à Yad Vashem", a indiqué le mémorial Yad Vashem dans un communiqué.

Mgr Antonio Franco, nonce apostolique en Israël, a déclaré à l'agence de presse des évêques italiens SIR qu'il reprochait à Yad Vashem sa présentation du Pape Pie XII, chef de l'Eglise catholique pendant la Seconde guerre mondiale.

"Cela me fait mal d'aller à Yad Vashem et de voir comment y est présenté Pie XII", a-t-il indiqué.

La légende de la photo de Pie XII présente le pape comme un personnage controversé en raison de son comportement face au génocide. Cette photographie est exposée dans le mémorial de Yad Vashem depuis 2005, date de l'ouverture du nouveau musée.




"Yad Vashem se dédie à la recherche historique et le musée de l'Holocauste présente la vérité historique sur le Pape Pie XII telle qu'elle est connue par les chercheurs aujourd'hui. Yad Vashem a dit au représentant du Vatican qu'il était prêt à continuer d'examiner le sujet, en soulignant que si on lui y donne accès, il étudierait avec plaisir les archives de Pie XII, afin de prendre éventuellement connaissance d'informations nouvelles et différentes de celles qui sont connues aujourd'hui", ajoute le communiqué du mémorial.

Le rôle de Pie XII, qui fut pape de 1938 à 1958, face au génocide des juifs par le régime nazi, fait l'objet de vives controverses: de nombreux historiens mettent en cause son silence et sa passivité tandis que le Vatican souligne ses interventions pour tenter de mettre à l'abri les juifs de Rome de la déportation lors de l'occupation de la ville par les troupes hitlériennes.

Rembrandt et l'Amsterdam juif

Rembrandt et l'Amsterdam juif
LE MONDE | 14.04.07 | 14h17 •




out en admirant Rembrandt, les frères Goncourt qualifiaient ses oeuvres religieuses de "juiveries". Ils reprenaient une banalité de leur temps : le peintre aurait été profondément marqué par sa fréquentation des juifs d'Amsterdam au point de devenir l'un d'eux. Cette banalité était si bien établie que le IIIe Reich fit un triomphe à un livre antisémite, Rembrandt comme éducateur, dans lequel l'auteur, Julius Langbehn, prétendait démontrer que l'artiste était à l'inverse la plus pure expression du génie germanique.




Les festivités du quatre centième anniversaire de la naissance de Rembrandt qui ont fait l'actualité touristique de l'année 2006 avaient esquivé la question. L'exposition Rembrandt et la Nouvelle Jérusalem, qui se tient au Musée d'art et d'histoire du judaïsme, à Paris, a donc pour premier mérite de s'en saisir. Elle le fait avec une précision, une érudition et une profusion d'oeuvres remarquables. Peintures, dessins, gravures savamment choisis, plus de 190 oeuvres : l'analyse est magnifiquement conduite.


QUOTIDIEN DU QUARTIER


Elle décrit d'abord la situation historique. Chassés d'Espagne à partir de 1492, les juifs s'établissent au Portugal où ils sont contraints de vivre en catholiques. Ces conversos ou marranes demeurent dans leur nouveau pays jusqu'en 1536, date de l'instauration de l'Inquisition au Portugal. Ils émigrent alors pour les Provinces Unies des Pays-Bas, où la liberté religieuse est reconnue. Ainsi se constitue la communauté d'Amsterdam. Elle réunit essentiellement de "nouveaux juifs", pour lesquels le judaïsme est à retrouver après des décennies de catholicisme forcé. La construction de synagogues et les éditions en hébreu, latin et espagnol vont de pair avec le développement d'une bourgeoisie dont la prospérité marchande favorise la vie intellectuelle.

"Nouvelle Jérusalem", Amsterdam est alors la ville de Spinoza, dont le portrait, l'édition de 1670 du Tractatus theologico-politicus et le décret d'excommunication sont dans l'exposition. Voisinent des éditions de Maïmonide et les portraits des rabbins Menasseh Ben Israël, Isaac Aboab da Fonseca ou Jacob Sasportas. Et celui du médecin Ephraïm Bueno. Il est de Rembrandt, comme la peinture qui servit de modèle à l'eau-forte.

Voici donc enfin Rembrandt. En 1639, déjà illustre, il acquiert une grande maison au 4-6 Sint Anthoniesbreestraat, la rue où habitent quelques-unes des plus riches familles séfarades. Les documents et les oeuvres qui précèdent son apparition dans l'exposition en situent parfaitement les circonstances. Mais elles ne la rendent aussi que plus stupéfiante. Les toiles de De Witte, de Van Gunst et de Lievens sont de qualité, les gravures du cimetière juif d'Ouderkerk d'après Ruisdael d'un beau tragique. Mais tout change avec le portrait de Bueno et l'admirable Autoportrait appuyé sur un rebord de pierre. Montrer ce dont Rembrandt se nourrit - motifs bibliques, quotidien du quartier - ne permet pas d'expliquer comment il s'en empare et les exalte.


LUMIÈRE SYMBOLIQUE


Ainsi de l'histoire de Mardochée, honoré par le roi Assuérus alors que le vizir Aman veut le pendre pour avoir refusé de se prosterner au passage du roi. Que l'épisode ait plu aux collectionneurs, rien d'étonnant. Pieter Lastman en fait en 1624 un tableau très acceptable. Mais la distance qui sépare ce dernier de la gravure de Rembrandt de 1642 est incommensurable. Rembrandt ose n'esquisser qu'à peine les figures de la foule et ombrer très fortement la voûte sous laquelle s'avance Mardochée monté sur un cheval du roi et vêtu d'un costume princier. Il creuse derrière lui un grand trou de lumière symbolique et suggère par les attitudes des siècles de persécution. Ce qui était scène pittoresque chez Lastman devient parabole.

Des deux admirables études peintes de jeunes juifs, il fait des figures de l'incertitude et de la méditation, comme il fait de ses vieillards - qui ne sont pas nécessairement des portraits de juifs - des personnifications de la pensée et de la sagesse. La plus petite gravure, le moindre lavis ont une portée philosophique. Justement parce qu'ils sont petits et épurés, ils sont à l'opposé de la grandiloquence des dogmes et des grandes "machines" picturales italiennes et flamandes. Ce que Rembrandt retient de la Bible, ce ne sont pas les vérités révélées d'une religion, mais les éléments et les exemples d'une psychologie des passions hautes et basses, nobles et ignobles. L'obstination aveugle d'Abraham, le désir hystérique de la femme de Putiphar, l'amour paternel de Jacob pour Benjamin, la cruauté de Sarah humiliant Agar, la nudité triviale d'Adam et d'Eve sont de l'ordre de l'humain. C'est le seul qui intéresse Rembrandt - et c'est aussi pourquoi ses oeuvres parlent si fort et si clair des siècles plus tard.


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"Rembrandt et la nouvelle Jérusalem, juifs et chrétiens à Amsterdam au Siècle d'or", Musée d'art et d'histoire du judaïsme, 71 rue du Temple, Paris-3e. Mo Rambuteau. Tél. : 01-53-01-86-48. Du lundi au vendredi, de 11 heuresà 18 heures ; dimanche, de 10 heures à 18 heures. Jusqu'au 1er juillet. 9,50 €. Catalogue : 368 p., 49 €.


Philippe Dagen

Stephen Harper prend la parole à la commémoration de l'Holocauste

Stephen Harper prend la parole à la commémoration de l'Holocauste
dimanche 15 avr, 22 h 19



OTTAWA (PC) - Le monde doit tenir tête à ceux qui militent pour la destruction de l'Etat d'Israël et il doit rappeler "l'horrible et incontournable vérité" de l'Holocauste, pour que ces crimes ne se répètent jamais, a déclaré dimanche le premier ministre Stephen Harper.


Le premier ministre prenait la parole sur la colline du Parlement, à Ottawa, à l'occasion de la cérémonie commémorative de l'Holocauste qui se tient tous les ans au Canada.


"Disons clairement l'horrible et incontournable vérité qui nous réunit ici aujourd'hui: des millions de personnes, dont six millions d'hommes, de femmes et d'enfants juifs, ont été assassinés par les nazis pendant l'Holocauste", a déclaré le premier ministre.


"La tentative d'exterminer le peuple juif a été un crime contre toute l'humanité. Culturellement, intellectuellement, économiquement, socialement, notre monde est beaucoup plus pauvre à cause de l'Holocauste", a-t-il poursuivi.


Pourtant, on prêche encore la haine des juifs du haut de chaires religieuses et de tribunes politiques, a-t-il déploré. Il y a encore des gens qui perpétreraient un autre Holocauste s'ils le pouvaient.


"Ce n'est pas assez lorsque les politiciens déclarent publiquement qu'ils se souviennent de ce qui s'est passé il y a de cela plus de soixante ans et qu'ils le déplorent. Ils doivent aussi se dresser contre ceux qui prônent aujourd'hui la destruction d'Israël et de son peuple. Et ils doivent condamner catégoriquement les despotes, les terroristes et les fanatiques antisémites", a ajouté le premier ministre.


M. Harper n'est pas allé jusqu'à nommer le président de l'Iran, Mahmoud Ahmadinejad, qui a à plusieurs reprises affirmé que l'Holocauste était un "mythe" et menacé Israël d'anéantissement.
Mais d'autres orateurs présents à la cérémonie n'ont pas hésité à vilipender le président iranien, qui en décembre avait accueilli une conférence internationale visant à semer le doute sur les atrocités commises par Adolf Hitler pendant la Deuxième Guerre mondiale.


Alan Baker, l'ambassadeur d'Israël au Canada, a affirmé qu'on ne pouvait tolérer nulle part aujourd'hui la pensée qu'une personne, un leader ou un gouvernement puisse décider de décimer tout un peuple. Et qu'il fallait réagir avec fermeté devant toute tentative de ressusciter de tels desseins, "comme ceux auxquels nous assistons de la part du président de l'Iran et d'autres".


Le député libéral et ex-ministre de la Justice Irwin Cotler a dénoncé la convergence, dans l'Iran de Mahmoud Ahmadinejad, de "l'incitation au plus horrible des crimes - le génocide - et de la haine la plus virulente, l'antisémitisme".